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Park Ji-sung : un destin en crampons

175203927_a90859e3b0Manchester United a perdu 2-0 contre le Barça hier soir au Stade Olympique de Rome. Les Sud-Coréens n’avaient vraiment pas besoin de ça cette semaine. Enfin, ils pourront toujours se dire que Park Ji-sung est le premier footballeur asiatique à avoir disputé la finale de la Ligue des champions. Retour sur une ascension semée d’embûches.

Cela faisait un an. Un an que Park Ji-sung, dit « Ji », attendait ce moment avec des fourmis dans les protège-tibias. Petit flashback. Nous sommes le 21 mai 2008 à Moscou. Manchester United affronte Chelsea en finale de la Ligue des champions. Un choc estampillé Premier League entre les deux poids lourds anglais. Ji en frétille d’avance, lui qui a joué un rôle important dans la qualification des Red Devils. Et boum, le coup de carafon. Mister « trois poumons » n’est même pas sur le banc des remplaçants; il suivra la finale des tribunes en costard-cravate et le moral en berne. Dans les médias coréens, « le cauchemar de Moscou » a toujours du mal à passer. Hier soir, Park faisait bien partie des plans de Sir Alex mais lui et ses coéquipiers ont sombré face à l’irrésistible armada blaugrana. Une grosse désillusion certes, qui ne doit cependant pas faire oublier le chemin parcouru.

Car la vie n’a pas toujours été rose bonbon pour Ji le footeux. Issu d’un milieu très modeste, il a grandi à Suwon, une ville industrielle située au sud de Séoul. Rien ne le prédisposait à devenir la star adulée d’aujourd’hui, ni sa petite taille, encore moins ses pieds plats. Rien si ce n’est une volonté de fer et le soutien inoxydable de sa famille. Dés son plus jeune âge, Park se distingue en effet par une abnégation hors du commun. Ses parents, tout dévoués à sa cause, vont jusqu’à racheter une boucherie afin de nourrir correctement le garçon. Mais les clubs professionnels coréens trouvent cet ado fluet d’1m75 décidément trop chétif et ne donnent pas suite. Après un bref passage à l’université de Myungji à Séoul, Park atterrit dans un club japonais, le Kyoto Purple Sanga en 2000. A partir de là, les choses s’enchaînent rapidement. Ji participe aux Jeux Olympiques de Sydney et connaît sa première cap dans l’équipe nationale. Ce n’est pas encore le taulier des Guerriers Taeguk mais un jeune footballeur qui ne fait pas franchement l’unanimité.

Gus Hiddink, l’homme providentiel

L’arrivée de Gus Hiddink aux commandes de la sélection nationale en 2001 va tout changer. Le Batave repositionne Park à l’aile et lui manifeste une confiance totale. Sous son autorité, Ji multiplie les bonnes performances et participe activement au parcours miraculeux de l’équipe coréenne lors de la Coupe du Monde 2002. Mais Gus le Messie ne s’arrête pas là, il emmène son protégé dans ses bagages à son retour aux Pays-Bas comme entraîneur du PSV Eindhoven. Après des débuts laborieux entre sifflets et jets de cannette, Park finit par entrer dans le cœur versatile des supporters qui composent en son honneur l’inoubliable « Song for Park ». En 2005, le joueur coréen prend une décision difficile; il s’affranchit de son mentor néerlandais et signe à Manchester United. MU, c’est un peu la Mecque du footballeur, un club dont les origines doivent remonter aux Croisades, bref un monument classé. A son arrivée, ça ricane sec dans les pintes de stout. Pour les fans mancuniens, le transfert de Park n’est rien d’autre qu’une juteuse opération commerciale destinée à booster le merchandising sur le marché asiatique. Un Coréen –fuck it !- et pourquoi pas un eskimo tant qu’on y est ?! Ji doit à nouveau faire ses preuves et enfile aussitôt le bleu de chauffe. Il n’a rien d’un virtuose du ballon rond mais ses courses incessantes ainsi que son sens aigu du collectif vont peu à peu lui permettre de se faire sa place parmi les cracks de l’effectif. Hiddink, qui le connaît par cœur, déclare à son sujet : « Il fait le sale boulot pour les stars (…) Ses qualités ? Il est infatigable, il peut jouer à fond 90 minutes. C’est un joueur intelligent et très déterminé. »

Cette saison, on a beaucoup vu Park Ji-sung dans l’équipe mancunienne ; des discussions sont d’ailleurs en cours en vue d’une prolongation de contrat. Titulaire à United, Ji fait aujourd’hui figure d’icône nationale en Corée. Son autobiographie, Infinite Challenge, se vend comme des petits pains et son fan club compte plus de 87 000 membres. Certes, la coupe aux grandes oreilles lui a échappé hier soir mais il est déjà d’ors et déjà monté plus haut que n’importe quel autre footballeur asiatique. Un destin inespéré pour un garçon pauvre et malingre qui s’est fadé des marmites de soupe à la grenouille dans le seul espoir de gagner quelques centimètres. Allez Ji, relève la tête, l’aventure sous le maillot des Red Devils est loin d’être finie. « To be continued », comme on dit dans la langue de Shakespeare.

sankyo


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