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Aperçu du racisme en Corée

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crédit photo : Carnaval King 08

Bonojit Hussain est indien et enseigne à l’Université de Sungkonghoe à Séoul. Victime d’insultes racistes dans un bus, il a récemment gagné le procès intenté à un certain Mr Park, son agresseur du jour. C’est la première fois en Corée qu’une condamnation ayant pour origine la discrimination raciale est prononcée. Est-ce à dire que le Pays du Matin Calme est d’ordinaire immunisé contre les dérapages xénophobes ? La bonne blague.

La pureté du sang : nous vs eux

Beaucoup de Coréens sont viscéralement attachés à un concept pour le moins suspect : « la pureté du sang ». Il en va selon eux de l’identité et de l’unité nationales. 100% Korean blood, c’est le minimum syndical. Autant dire qu’ils voient d’un très mauvais œil les mariages mixtes et le métissage qui en résulte. A tel point que le Comité des NU pour l’élimination de la discrimination raciale a déclaré que «l’accent mis sur l’homogénéité ethnique en Corée peut représenter un obstacle à la promotion de la compréhension, la tolérance et l’amitié parmi les différents groupes ethniques et nationaux vivant sur son territoire. ». Les partisans du statu quo (on reste groupés les gars) ressortent généralement les manoeuvres impérialistes des pays voisins, notamment l’occupation nipponne de 1910 à 1945, pour justifier leur ouverture d’esprit. Soit. Ils oublient un peu vite, ces petits hommes des cavernes, que parmi le million d’étrangers qui résident en Corée, certains vivent l’enfer au quotidien. Quand on sait que la discrimination raciale est toujours absente de la législation coréenne, on mesure mieux tout le chemin qu’il reste à parcourir.

Le chemin de croix des métis

Ils sont environ 40 000 en Corée. Présence militaire américaine oblige, les métis avaient généralement un père blanc ou noir; on parle désormais de plus en plus des Kosians, ces enfants dont l’un des parents, surtout la mère, est originaire d’Asie du Sud-Est. Un déficit de femmes dans les zones rurales incite en effet un nombre croissant de fermiers coréens à « faire leur marché » dans des pays comme le Vietnam ou les Philippines. Du coup, 15% des nouveaux-nés en Corée sont aujourd’hui issus d’un mariage mixte. Dire que la vie de ces enfants sera pénible relève de l’euphémisme. Dénigrement et pauvreté risquent d’être leurs plus fidèles compagnons de route. Ainsi, 70 % de ceux en âge d’aller au collège ne sont plus scolarisés en raison des brimades dont ils sont victimes. Et une fois adultes, les emplois les plus modestes leur sont généreusement réservés. Sachant que les « mariages internationaux » vont se multiplier dans les décennies à venir, il est urgent que le Pays du Matin Calme prenne conscience que sa société ethniquement homogène se transforme inexorablement en une société multiethnique et multiculturelle et que des mesures radicales s’imposent.

Hines Ward : quand un pestiféré devient roi

Figure de proue des Pittsburgh Steelers, Ward aka « Ketchup » est une star du football américain. Mais avant de connaître gloire et fortune, les premières années de sa vie ont été marquées par l’ostracisme et la honte. Né d’un père afro-américain et d’une mère coréenne, Hines a grandi avec cette dernière à Atlanta. Brocardé toute son enfance en raison de ses origines, rejeté par les deux communautés ethniques auxquelles il appartient, il n’a trouvé son salut que dans la pratique intensive du sport. En 2006, c’est la consécration, il est élu MVP du Super Bowl XL. Peu de temps après, il part avec maman en Corée pour un retour aux sources. Surprise, ceux qui le méprisaient ouvertement l’accueillent tout à coup en héros et le suivent à la trace. Ketchup est fait Citoyen d’honneur de la ville de Séoul, recevant des témoignages énamourés partout où il passe. Une véritable entreprise de récupération success story mais Ward n’a pas oublié les humiliations et surtout, il sait ce que les métis comme lui doivent endurer en Corée.  C’est pourquoi, épaulé par PSBI, il lance dans la foulée la Hines Ward Helping Hand Foundation afin de leur venir en aide.

Un grand Monsieur

On observe aujourd’hui les prémisses d’une mutation. Depuis 2006, l’armée coréenne accueille les métis coréens dans ses rangs (un cadeau empoisonné ?!) et un certain nombre de mesures visant à améliorer leur situation sont actuellement en cours. La Corée doit changer, la Corée va changer. De toute façon, elle n’a pas le choix car sa population vieillit à la vitesse de l’éclair. Le pays aura bientôt besoin d’une forte immigration pour rajeunir ses troupes. En ce début du 21ème siècle, c’est sans doute l’ouverture à la globalisation ethnique et culturelle qui constitue son plus gros défi.

Pour conclure, une petite touche musicale en compagnie de Tasha Reid/Yoon Mi-rae, fille d’un Afro-Américain et d’une Coréenne, et accessoirement rappeuse numero uno en Corée.

sankyo

Tasha represents!


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