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Les golfeuses coréennes cassent la baraque

spaceball3616019949_520ff76c0cElles déboulent toujours en nombre, gagnent très (trop ?) souvent et sont aussi expressives que des parcmètres : bref elles commencent sérieusement à irriter les dirigeants de la Ladies Professional Golf Association (LPGA) qui se demandent bien comment ils vont pouvoir juguler ce nouveau péril jaune. C’est vrai qu’elles ont tendance à se goinfrer, les kimchi girls. Sur les 18 tournois joués cette année, l’armada coréenne compte déjà 6 victoires dont un Majeur, l’US Open, raflé par Ji Eun-hee. Si l’on ajoute les places d’honneur trustées dans la plupart des compétitions, il n’est pas outrancier de parler d’hégémonie. Une hégémonie sans doute née avec l’éclosion d’une jeune joueuse à la fin des années quatre-vingt-dix.

Pak Se-ri ouvre la voie

Tout le monde le sait, le succès appelle le succès. Rien de tel qu’un(e) champion(ne) national(e) pour entraîner dans son sillage de jeunes pousses aux dents longues. La figure de proue du golf féminin en Corée s’appelle Pak Se-ri. Cette dernière débarque sur le LPGA Tour en 1998 à tout juste 20 ans; pas de période d’adaptation pour la rookie coréenne qui défouraille aussi sec : deux Majeurs dans la musette en l’espace de quelques mois, qui dit mieux ? Après ce départ tonitruant, Pak poursuit sur sa lancée et enchaîne les victoires avec une régularité de métronome. La lassitude et les blessures l’écartent du circuit en 2005 mais c’est regonflée à bloc qu’elle revient l’année suivante pour s’adjuger le LPGA Championship, son dernier Majeur à ce jour. Plus jeune joueuse à avoir été intronisée au World Golf Hall of Fame, Pak est une véritable pionnière en son domaine. Sa réussite convainc rapidement ses compatriotes de venir tenter leur chance sur le circuit américain et lui confère par ailleurs le statut de role model auprès des nouvelles générations. Une bien belle histoire certes, qui n’explique cependant pas le succès des golfeuses du Matin Calme. « Mais bon sang, comment font-elles pour être aussi balèzes ? » vous demandez-vous à juste titre. SP vous livre les fruits de son enquête.

La recette coréenne

Selon le célèbre scientifique Hwang Woo-suk, inculpé en 2006 pour avoir falsifié les résultats de ses travaux sur les cellules souches, les Coréens font preuve d’une dextérité manuelle supérieure à la moyenne, notamment grâce à l’utilisation des baguettes. Dans un registre similaire, le rédacteur en chef d’un quotidien anglais soutient que c’est l’adresse requise pour la préparation du kimchi qui est à l’origine du brio affiché par les golfeuses coréennes ?!

Plus sérieusement, les Coréens considèrent à présent le golf comme un business qui peut rapporter gros. Or, vous le savez mieux que moi, le Pays du Matin Calme n’est pas du genre à prôner le dilettantisme quand il s’agit de réussite économique. Qu’une fillette manifeste quelque aptitude au put et c’est souvent toute la famille qui se mobilise afin d’en faire la reine du swing. Exit l’école, direction les practices où la championne en herbe répètera désormais ses gammes ad nauseam. Pak Se-ri, Ji Eun-hee et beaucoup d’autres ont en commun un paternel qui, selon les critères occidentaux, pourrait aisément passer pour un père fouettard.

Education confucéenne oblige, les petites Coréennes acceptent généralement sans broncher les cadences infernales auxquelles elles sont soumises. Retenue, goût de l’effort et volonté de vaincre leur sont inculqués dès leur plus jeune âge. La golfeuse française Karine Icher déclare à leur sujet : « Elles sont dans leur monde et peuvent rester sur le parcours douze heures par jour (…) Leur principale qualité, c’est sans doute leur calme. Si vous voyez un jour une Coréenne jeter un club d’énervement, appelez-moi ! » Vous pensez sans doute maltraitance et enfance en danger, les Coréens vous rétorquent soutien parental et unité familiale.

Une famille élargie puisque les espoirs les plus talentueux peuvent compter sur les donations de généreux sponsors. Quand vous n’êtes pas encore une machine à dollars et que vos frais professionnels sont pris en charge par une banque ou un opérateur téléphonique, papa et maman se sentent tout de suite beaucoup mieux.

La LPGA ne sait plus quoi faire et fait n’importe quoi

Il n’a fallu qu’une décennie à la Corée du Sud pour devenir la première nation du golf féminin et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce bouleversement de la hiérarchie est loin de plaire à tout le monde. Depuis quelques temps, les joueuses coréennes subissent ainsi le feu de critiques. En vrac :

– Elles sont trop nombreuses (et toutes brunes aux yeux marrons pourrait-on ajouter)

– Elles ne parlent pas anglais (c’est moche pour les interviews)

– Elles ne montrent pas assez leurs émotions (ça endort les téléspectateurs américains)

Bref, elles tuent le LPGA Tour!!!

Dans un sursaut héroïque, l’organisation US a essayé de régler le “problème” l’année dernière en menaçant d’interdire l’accès à ses tournois aux joueuses présentes sur le circuit depuis 2 ans et ne parlant pas anglais. Cette mesure suspecte (restons poli) a suscité une telle controverse qu’elle a été abandonnée.

En guise de représailles, j’encourage les golfeuses du Matin Calme à écraser définitivement la concurrence et à délaisser la langue anglaise au profit … du français par exemple.

sankyo


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