Archive for the 'Culture' Category



Nouvelle Star à la sauce coréenne

Décidément, Pop Idol n’en finit pas d’essaimer. Du Sri-Lanka au Kazakhstan, le célèbre télé-crochet britannique a été adapté avec bonheur dans un nombre impressionnant de pays. En France, tout le monde connaît Nouvelle Star, l’émission phare de M6 qui nous tient en haleine 4 mois sur 12 grâce aux prestations ébouriffantes de ses candidats et à la pertinence de son prestigieux jury. Il ne manquait plus que la Corée pour que le concept mérite pleinement le qualificatif d’international. C’est chose faite avec Superstar K, un show lancé le 24 juillet dernier par la chaine musicale câblée Mnet.  Pas moins de  70 000 candidats motivés comme jamais se sont bousculés aux auditions organisées dans les principales villes coréennes. Autant dire que la mayonnaise a pris, et pas qu’un peu.

Afin de garantir à l’émission une couverture médiatique digne de ce nom, les membres du jury ont été soigneusement choisis : Lee Hyori, In Sooni et Lee Seung-chul font ainsi partie de l’aventure. A titre personnel, je suis particulièrement attentif aux interventions de l’affriolante Hyori dont les attributs retouchés ont notamment contribué à populariser le bronzage au Pays du Matin Calme.

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Hyori aiguise l’appétit

Les premiers épisodes frappent fort, très fort  : cris de détresse, sanglots en cascade, sauts de cabri et bonheur orgasmique nous emportent dans un tourbillon d’émotions qui frisent l’hystérie. Les candidats ne font pas dans la pose, ils donnent tout, Korean way, et ça se voit. En outre, contrairement à la version française, il n’y a pas de limite d’âge. Les prétendants au titre vont donc de Papy Mougeot à Je suce encore mon pouce, ce qui donne à l’ensemble un côté bon enfant et franchement sympathique.

Préparez vos mouchoirs

Le vainqueur de Superstar K touchera la coquette somme de 100 millions de won (environ 56 000 euros) et fera ses débuts musicaux sous la houlette de Mnet Media Management Company. SP ne manquera pas de vous tenir informé du dénouement qui promet d’être épicé, vu la frénésie du démarrage. En attendant de connaître l’identité de la prochaine idole coréenne, rien ne vous empêche d’aller faire un tour sur You Tube, histoire de constater par vous-même la ferveur qui habite l’émission.

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Kimchi encore et toujours

Quand les Coréens aiment quelque chose, ils ne font pas dans la demi-mesure. SeoulParis avait évoqué leur adoration quasi-mystique pour le Kimchi dans un précédent billet.

Le Pays du Matin Calme poursuit la promotion de son célèbre chou fermenté avec un enthousiasme qui ne faiblit pas.

L’objet du culte est en effet à l’honneur de nombreuses festivités. Du 23 octobre au 1er novembre, la ville de Gwanju (Province de Jeolla) célèbrera le Kimchi autour d’un festival. A cette occasion, un concours de cuisine sera organisé ainsi qu’une présentation des Kimchi de toutes les régions de Corée.

En nommant  officiellement le 28 juillet dernier le célèbre chef Edward Kwon, les stars Kim-Jung-eun, Keum Hyo-min et  Jin Goo ambassadeurs du prochain festival de Kimchi de Gwanju,  les Coréens enrobent leur prosélytisme culinaire d’un vernis des plus glamours.

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Dans le même esprit, Kim Soon-ja, consacré en 2007 premier “Master of Kimchi” par le ministère de l’Agriculture, a élaboré après des recherches approfondies un Kimchi sans la forte odeur qui pouvait rebuter certains consommateurs.

Si, après tous ces efforts, le monde entier n’en vient  pas à manger Kimchi matin,midi et soir, c’est à désespérer!

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La K-pop s’invite au pays de l’Oncle Sam

2583836626_9fcd0b5384_mDésormais solidement implantée sur le continent asiatique, la K-pop lorgne avec gourmandise sur le marché yankee, l’Anapurna des artistes de tous bords. Pour rayonner sur le plan international, une percée dans les charts américains est en effet nettement préférable à une diffusion en boucle sur Radio Jakarta. Encore faut-il avoir un plan bien ficelé pour réussir au pays du hamburger. Se7en, l’icône de la pop coréenne, donne l’impression de tourner en rond depuis qu’il est parti à la conquête du territoire US. Une sortie d’album sans cesse repoussée, un seul titre au compteur après trois années de préparation, on se rapproche dangereusement du pétard mouillé.

Seulement voilà, notre Korean performer n’est pas le seul à pouvoir prétendre à la consécration ultime. Les évènements récents laissent à penser que d’autres poids lourds de la K-pop pourraient bien lui damer le pion.

BoA

Ainsi BoA, la Britney Spears coréenne, s’est-elle également exilée aux Etats-Unis dans le but d’y faire carrière. Pas de retard à l’allumage pour miss « Energetic » dont l’album US, dans les bacs depuis mars dernier, a rapidement trouvé le chemin du Billboard 200 (1). Des débuts prometteurs, auréolés de surcroît d’une récente collaboration avec Akon aka mister je culbute tout ce qui bouge. Eh oui, la Super Méga Star planétaire du R&B a sollicité Beat of Angel pour la reprise d’un single. Eh non, il ne s’agit pas du tendre « I wanna f… you » mais de « Beautiful », un morceau au titre un poil moins direct. Le playboy d’origine sénégalaise a beau traîner une réputation sulfureuse (drogue, taule, polygamie, entre autres), Best of Asia va sans doute gagner en crédibilité auprès du public américain grâce à ce duo.

prochainement dans nos oreilles

Bi-Rain

Une autre pointure de la K-pop se tient en embuscade, l’incontournable Jung Ji-hoon, plus connu sous le nom de Bi (pluie en coréen), Rain ou encore Bi Rain (pluie pluie ?!). Ce dernier est sur le point de sillonner l’Asie en large et en travers avec une tournée sobrement intitulée « Legend of Rain ». Mais c’est avec la sortie du très hollywodien « Ninja Assassin » prévue en novembre et dont il tient le rôle principal que le chanteur/danseur/acteur coréen compte tutoyer les étoiles. Car si le film produit par les créateurs de Matrix s’envole au box-office US, on peut légitimement espérer que la carrière de Pluie version chanteur s’épanouisse comme une fleur sur le sol américain. Avec lui, tout semble possible; lors de son dernier concert à Macao, un ado pas comme les autres est en effet venu l’applaudir, le petit-fils de … Kim Jong-il ! SeoulParis n’hésite donc pas à le clamer haut et fort, Pluie sera l’artisan de la réunification des deux Corées.

un nouveau concept, le Ninja R&B

Les Wonder Girls

Pour le moment, ce n’est ni Se7en, ni BoA, ni Bi Rain qui tient la corde mais un groupe de cinq sémillantes jeunes filles, j’ai nommé les Wonder Girls. Drivé par l’inévitable JYP Entertainment, ce quintet de charme est actuellement en tournée aux Etats-Unis, en première partie des Jonas Brothers. Un véritable conte de fée que la presse sud-coréenne ne se lasse pas de nous narrer par le menu détail. Il faut dire que les Wonder Girls ont droit à un traitement de star : bus XXL mis à leur disposition durant la tournée, invitation au Wendy Williams Show et concert imminent au Staple Center de LA (2). Chapeau bas, mesdemoiselles. D’autant plus qu’à l’occasion de leur prestation à Washington DC, elles ont eu l’insigne honneur de se produire devant la First Lady et ses filles. Oui, fidèle(s) lecteur(s), vous avez bien lu, Michelle, Malia et Sasha Obama ont chaleureusement applaudi le tour de scène de nos héroïnes nationales.  Les mauvaises langues diront que la famille O s’est déplacée pour les Jonas Brothers; qu’ils la mettent donc en sourdine car ils ont sans doute raison.

elles sont jeunes, mignonnes et … jeunes

il faudrait s’appeler Paco Rabanne pour savoir dès à présent ce qu’il va advenir des Wonder Girls et consorts sur le marché US. En tout cas, n’en déplaise aux alarmistes, la K-pop a encore de beaux jours devant elle. Quand on peut faire danser d’un côté le petit-fils de Kim Jong-il et de l’autre les filles du président américain, c’est que tout ne vas pas si mal que ça.

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(1) La référence en matière de ventes d’albums sur le sol américain.

(2) C’est là que s’est tenue la cérémonie en hommage à Bambi.

Le confucianisme dans les Dramas coréens

imagesA la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’Asie du sud-est était marquée par la vague japonaise. Les chanteurs ou les téléfilms nippons inondaient le continent asiatique grâce à l’apparition des chaînes câblées et des satellites. Puis fin des années 1990, une nouvelle vague, coréenne cette fois-ci, a déferlé dans toute l’Asie. Aujourd’hui, les Dramas coréens sont diffusés dans le monde entier. Depuis quelques temps, ils connaissent ainsi un franc succès en Amérique latine ; même en Europe, le nombre des accrocs va grandissant. Il est évident que les nouveaux médias ont joué un rôle considérable dans l’expansion de ce que l’on nomme Hallyu.

Ce phénomène désormais planétaire peut paraître surprenant. En effet, il n’y a rien de révolutionnaire dans ces feuilletons à l’eau de rose qui reposent presque toujours sur les mêmes artifices. Un happy end bien ficelé clôt généralement la série. Ce n’est donc pas le suspens qui tient en haleine le téléspectateur.

L’enthousiasme des Coréens tient notamment au fait qu’ils sont curieux et ont une soif de découverte depuis l’avènement de la démocratie. Ils se passionnent pour tous les modes d’expression, débats de société et autres talk shows. Ils recherchent avidement les échanges d’idées et d’informations par le biais de la télévision ou bien encore des nouveaux médias. Or, les Dramas se nourrissent de ces mêmes thèmes de société, ce qui permet au public du Matin Calme de s’identifier très facilement aux personnages. Le succès des séries coréennes en Asie n’a rien de miraculeux non plus; les pays voisins sont sensibles aux valeurs que ces dernières véhiculent, des valeurs communes, en particulier celles provenant du confucianisme.

Les enseignements de Confucius

A travers toutes ces productions, on retrouve en effet les principes de Confucius qui enseignait quatre choses : la littérature, la morale, la connaissance de soi-même et l’honnêteté dans les relations sociales. De même, sont mises en avant les cinq obligations morales universelles qui sont les devoirs réciproques existants entre souverains et sujet, entre père et fils, entre mari et femme, entre aîné et cadet et entre amis.

Les Japonais apprécient particulièrement certaines valeurs traditionnelles propagées dans les Dramas coréens : le respect des ancêtres, la piété filiale ou encore les cérémonies familiales. Un public nippon d’autant plus sensible à ces valeurs qu’elles semblent s’éroder sur leur archipel. Confucius disait : « Quand les cérémonies ne sont pas observées exactement, le désordre règne. Quand la terminologie est incorrecte, les choses ne sont pas à leur place. Le désordre consiste en ce qu’un homme abandonne les principes moraux ; ce qui n’est pas en place, c’est le sage qui n’obtient pas la place qu’il mérite ». Selon le sage chinois, supprimer les rites et les coutumes sous prétexte qu’ils sont inutiles est un désastre moral qui ne peut qu’obscurcir l’avenir.

La Règle d’or de Confucius

En Asie, la famille a toujours été le socle de la société. Cela nous rappelle l’enseignement de Confucius sur le fait qu’un homme fonde sa conduite personnelle sur le principe de réciprocité (la “Règle d’or”) : ne faîtes pas aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on vous fît. C’est ce principe qui permet à un homme de convertir ses semblables à sa propre conception de la vie. L’art de gouverner consiste simplement à ordonner les choses. C’est pourquoi l’organisation de la vie nationale dépend de celle de la vie familiale qui dépend elle-même de la vie intérieure de tout un chacun. Pour cultiver sa vie intérieure, il faut commencer par avoir un cœur droit. Pour avoir un cœur droit, il faut parvenir à une sincérité d’intention. Pour avoir une sincérité d’intention, il faut posséder le vrai savoir. Pour posséder le vrai savoir il faut sonder les choses…

Beauté et force des sentiments

Outre leurs accents confucéens, les Dramas secouent fortement la corde mélodramatique. Lorsqu’on les compare aux autres séries américaines ou européennes, on remarque tout de suite que les sentiments prévalent sur l’action. Les Coréens donnent plus d’importance aux bleus à l’âme qu’aux enquêtes policières, courses de voiture et autres cascades. Ils ont un goût prononcé pour les crises lacrymales, ce qui n’est pas forcément le cas des occidentaux.

Prenons l’exemple du Drama “Boys Before Flowers “, réalisé à partir d’un manga japonais. Pour la petite histoire, ce manga avait déjà été adapté par les Taïwanais sous le titre de ” Meteor Garden ” et avait connu un succès phénoménal à l’époque. Cela n’a pas empêché le remake coréen de très bien marcher début 2009. Si l’on compare les adaptations, les Taïwanais ont privilégié l’aspect comique, les Coréens ont davantage exploité la fibre sentimentale de cette histoire d’amour improbable.

L’idée que l’amour triomphe de tout est en effet très appréciée dans les cultures asiatiques où le premier amour revêt une importance capitale. Lors de la sortie deWinter Sonata” les japonaises, plutôt quinquagénaires, ont été sensibles à l’amour sincère que pouvait éprouver le personnage principal pour une femme. Nombreuses sont les histoires où l’amour vient à bout d’un mariage arrangé, une coutume qui a encore pignon sur rue en Asie. De même, le fait que deux personnages issus de milieux sociaux très différents puissent se marier fait rêver (comme dans “1% of anything” ou bien encore plus récemment Shining inheritance“).

Beauté et force des sentiments sont alors célébrés. Parmi les classiques du genre, le petit coq fortuné à qui une pauvre jeune fille enseigne  la sagesse, la compassion et le courage : trois qualités universelles permettant, selon les préceptes confucéens, l’accomplissement des cinq obligations morales universelles. L’idée qui en ressort est que chaque homme doit considérer sa vie intérieure comme la racine ou la base de l’univers.

La mode sert souvent à occulter un quotidien morose ou à combler un vide existentiel. Or, il est possible que les Dramas  proposent une sorte de modèle culturel à des pays asiatiques tels que la Chine, une nation en pleine mutation aujourd’hui grâce à une croissance économique fulgurante. N’oublions pas que l’Empire du Milieu est le berceau du confucianisme.

C’est donc peut-être bien pour amortir le choc entre morale traditionnelle et modernité que les  fans des Dramas coréens sont aussi nombreux en Asie.

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Le parlement coréen s’embrase à nouveau

Décidément, les Coréens ne font pas dans la finesse. Pas étonnant qu’ils manquent de savoir-faire en matière de soft power. On les sent beaucoup plus à l’aise quand il s’agit de se mettre sur la gueule en famille. Pour preuve, cet énième pugilat ayant opposé ce matin, heure de Séoul, les députés du Grand National Party (GNP) à ceux du Democratic Party (DP). Une rixe géante, sans gants, ni courbettes, qui a transformé le parlement coréen en un véritable champ de bataille : députés du GNP agrippés au perchoir du président de l’Assemblée, députés du DP bloquant l’accès de l’entrée principale avec des chaises, corps-à-corps virils, plaquages au sol etc.

Bien sûr, on pourrait s’arrêter à ce stade; à une lecture anecdotique de cet événement comme le fait le Figaro et mettre tout ça sur le compte de l’exotisme d’une jeune démocratie lointaine où vit un peuple au sang chaud. Cette lecture ne serait pas totalement fausse mais passerait à côté de l’essentiel.

Car au coeur de la polémique réside une réforme des médias qui donnera la possibilité aux quotidiens et aux chaebol de posséder jusqu’à 30% du capital des chaines de télévision. Pour bien comprendre l’impact de cette réforme, il faut mesurer le poids des quotidiens coréens sur l’opinion publique locale et surtout des trois plus gros d’entre eux: le Chosun Ilbo, le Joongang Ilbo, et le Donga Ilbo. La clique ChoJoongDong, comme l’appelle le camp progressiste.

Ces trois quotidiens tirent chacun à plus ou moins 2 millions d’exemplaires pour une population coréenne inférieure à 50 millions d’habitants (à titre de comparaison, Le Monde tire à moins de 400 000 exemplaires). Vous imaginez donc l’impact d’un éditorial ChoJoongDong sur l’opinion publique : un impact comparable aux JT de 20h cumulés de TF1 et France 2 en France. Bien sûr, on pourrait applaudir devant la vitalité de ces journaux alors que, partout ailleurs, ils souffrent de la concurrence d’Internet, mais le problème c’est que ces trois quotidiens sont conservateurs, tous sans exception, voire ultra-conservateurs. Il y a 25 ans de cela, la seule fonction de leurs comités éditoriaux était de se réunir pour prendre connaissance des instructions envoyées par le gouvernement et ainsi savoir quel sujet traiter en Une (les chaebol et le gouvernement c’est bien, ils nous protègent contre les sales rouges, ils sont partout, faut faire attention) et quel sujet censurer (les mouvements de lutte pro-démocratiques).

Imaginez que les héritiers de ce système là prennent le contrôle des chaînes TV, alors que le web coréen est déjà sérieusement censuré. Un peu comme si en France, l’actualité nous était comptée par Le Figaro, TF1, Valeurs Actuelles et rien d’autres. On comprend alors mieux pourquoi l’opposition crie au scandale et tente d’empêcher par tous les moyens Lee Myung-bak de s’assurer le contrôle des médias.

Médias et politique, politique et médias, cela vous rappelle forcément de récents débats plus proches de nous…

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Soirée coréenne

J’étais convié à une “Soirée coréenne” à l’occasion de la venue du Premier Ministre coréen à Paris le 25 juin dernier. Au risque d’être taxé d’ingrat vis-à-vis de ceux qui ont pensé à me mettre dans la liste des heureux conviés à ce dîner, je ne résiste pas à l’envie de vous en dire quelques mots.

Jack's keynote speech

Une soirée coréenne donc, pour contribuer à l’amélioration de l’image du Pays du Matin Calme à l’étranger. Parce que ça les énerve les Coréens que malgré tous les miracles accomplis, économique, démocratique ou même culturel, leur pays souffre d’un déficit d’image. Du coup, cette visite du Premier Ministre était une bonne occasion pour organiser un événement inoubliable: un dîner de dégustation de gastronomie coréenne “contemporaine” mariée avec une sélection de vins de nos terroirs français dans la salle d’honneur de l’Intercontinental Hotel de Paris offert par le Premier Ministre. En prime également, un récital privé de ce que la Corée fait de mieux en musique classique, la soprano Jo Sumi et le pianiste Kim Sunwook.

Pour être tout à fait honnête, j’avoue que je doute de l’utilité de ce genre d’événements dans l’absolu. Mais qu’importe les tribulations d’un modeste blogueur. Tout ceci sert une cause qui nous dépasse de loin: celle de faire découvrir la Corée à tout ce que la France compte de leaders d’opinions, qui eux-même, convaincus de l’excellence de la Corée, s’empresseraient de porter la bonne parole autour d’eux.

Petite revue de détail pour voir si cette soirée coréenne a répondu aux attentes.

Ce qu’on a mangé

Il paraît que le chef cuisinier de l’Intercontinental Hotel de Séoul s’était déplacé exprès pour nous préparer le meilleur de la gastronomie du Matin Calme. Il aurait pu rester chez lui et on aurait fait appel à n’importe quel cuistot d’un restaurant coréen à Paris parce que le menu était aussi lyrique que la bouffe sans intérêt: le japchae fadasse, la saint-jacques microscopique, le galbi chim sec… Nous vous épargnerons ici la liste de tous les mets médiocres qu’il nous a été donné de subir lors de cet interminable dîner, seul le consommé d’épinards au doenjang relevait quelque peu la qualité de l’ensemble. Ah si, mentionnons quand même le service irréprochable de précision dans l’explication des plats : “Qu’est-ce que c’est? Ben, euh… une soupe avec un p’tit ravioli dedans”, des fois qu’on aurait confondu avec des moules frites…

Ce qu’on a bu

Mais quelle idée de toujours vouloir marier vin et gastronomie coréenne! Est-ce que les Coréens pourront un jour abandonner l’idée ridicule que réussir à accorder leur gastronomie avec du vin serait une sorte de titre de noblesse ? La nourriture coréenne est avant tout paysanne, simple, authentique, faite de bons produits, bref sans chichi et elle devrait s’assumer comme telle. Surtout manger coréen, c’est manger épicé: l’ail se mange cru, le piment cru se mange trempé dans une sauce elle-même pimentée pour en relever le goût, le chou est fermenté puis pimenté et relevé à la crevette saumurée… Quelqu’un peut-il me dire comment un palais ainsi anesthésié pourrait distinguer les notes de sous-bois d’un vieux Bourgogne? N’y a-t-il pas une raison à ce que les Coréens boivent du soju, cette version soft de la vodka comme accompagnement de leurs plats?  Mais rassurez-vous, nous n’avons pas eu à nous désoler du gâchis de devoir sacrifier un vieux Bourgogne entre deux portions de Kimchi. Pour tout vous dire, je ne sais même plus ce qu’on a bu, juste que l’une des bouteilles était bouchonnée et que deux vieilles dames assises en face de moi, vexées de n’avoir pas su le remarquer ont fini leur verre en maintenant que “non, le mien n’était pas bouchonné!”

Discours

Oui, parce qu’un tel événement ne peut pas se concevoir sans une succession de discours longs (surtout s’ils sont entrecoupés de traductions) et fadasses. Je dois dire qu’un moment n’a pas été fadasse: celui ou le Premier Ministre a exprimé ses remerciements à l’Intercontinental Hotel pour les avoir accueillis comme “invités payants”: est-ce de l’humour amer ou un souci superflu du  détail? Est-il sérieusement vexé qu’on ait pu faire payer une chambre d’hotel à lui, Premier ministre de la Corée, comme à n’importe quel membre de la populace? Pour le reste on notera le discours d’un autre Coréen sûrement très important mais dont j’ai oublié le nom et les fonctions et dont personne n’a su dire s’il parlait en français ou en coréen. Et puis comment omettre le discours (mais trois lignes improvisées à la dernière minute, est-ce bien sage d’appeler ça un discours?) de Jack Lang, dont je cite ici le passage le plus marquant:

“Cinqiou cinquiou cinquiou!”

Bonus

Je ne parle pas de la conclusion musicale, seule partie du programme qui n’a pas déçu (quoiqu’apparemment le Premier Ministre n’était pas non plus subjugué, vu qu’il en a profité pour dormir). Par bonus je parle de cette délectable demi-heure passée à visionner sur grand écran des films de promotion des différentes merveilles de la Corée sur le thème “la nourriture coréenne est diététique, même que c’est un médecin américain qui l’a dit”, ou “la Corée c’est hyper moderne, même que dans le film y’a plein de figurants en blouse blanche qui ont l’air de faire plein de trucs hyper compliqués”, et surtout le message-clé:  “les Coréens, ils sont hyper beaux et hyper heureux, comme sur ces images où la Coréenne, elle te fait un sourire tellement figé qu’on en a mal à la mâchoire pour elle. Alors il faut vite y aller pour y investir plein de doll… plein d’euros”  Que dire de cette propagande en son et image digne de l’Union Soviétique de l’après-guerre? Que si je n’avais pas été occupé à éprouver un sentiment mêlé de honte et de soulagement de n’avoir pas entraîné mon patron dans cette soirée, j’aurais été comme tous mes voisins de table, occupés à explorer les limites de l’ennui.

Leaders d’opinion

Souvenez-vous de l’objectif de cette soirée: améliorer l’image de la Corée auprès des leaders d’opinion français. Alors où étaient-ils ces VIP ?  Parce qu’autour de moi, en dehors de diplomates étrangers détachés à l’OCDE et qui faisaient sûrement office de bouche-trous (parce que le Premier Ministre était en France dans le cadre de l’OCDE dont le siège est à Paris), il y avait une artiste coréenne et deux épouses de cadres sup sûrement retraités qui un jour ont dû être expatriés en Corée. Bien sûr au loin il y avait Jack Lang, qui nous a fait l’honneur de trois minutes de présence, de trois échanges avec sa voisine de table d’un instant (l’épouse du Premier ministre), et d’à peine trois mots à l’assemblée (cinqiou, cinqiou, cinqiou).

Bon, ok, il y avait Christian de Boissieu, mais tous ces VIP qui sont censés porter la bonne parole coréenne? Les décideurs politiques, les patrons du CAC 40, les journalistes influents, les intellectuels, les artistes? Ils étaient où?? Ben au travail, ou chez eux, ou ailleurs à faire autre chose de nettement plus intéressant. Quoi de plus normal en plein remaniement ministériel? Quoi de plus normal à 19h? Quoi de plus normal quand tout ce qu’on leur propose c’est un dîner à peine meilleur qu’un buffet de mariage, une projection publicitaire passéiste interminable, et un récital de musique certes attirant pour vous et moi, mais sans intérêt pour qui fréquente régulièrement les premiers rangs de l’Opéra Garnier, de la Scala, ou du Carnegie Hall? Quel bénéfice pour ces “VIP” là? Aucun, néant, nada.

C’est pourtant par ce genre d’opération que la Corée aspire à bâtir son soft power. Surtout la partie soft alors…

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La gadoue, la gadoue, la gadoue, la gadoue, ouh la gadoue, la gadoue

3575663660_b712392557Si vous aimez les plages désertes et immaculées, n’allez pas à Boryeong au mois de juillet. Vous risqueriez d’y rencontrer des hordes de barbares surexcités, alcoolisés dans les grandes largeurs et recouverts d’une substance très éloignée de l’autobronzant. La petite station balnéaire coréenne accueille en effet chaque année un incroyable festival de la boue. Pendant plus d’une semaine, la gadoue y règne en maître : des bains, des massages, des glissades, de la lutte et même du ski. Toute activité est plébiscitée, du moment qu’elle permet de se vautrer dans la fange jusqu’au cou. Ce festival est désormais un must qui attire des milliers de touristes en quête de sensations inédites. Des sensations pas toujours très plaisantes cette année puisque environ 150 participants ont dû être hospitalisés dare-dare, suite à des réactions cutanées peu ragoûtantes. Quand on sait que le festival vante justement les bienfaits de “sa” boue pour la peau, ça fait désordre. Quoi qu’il en soit, si vous êtes un adepte des défouloirs collectifs et que votre épiderme a fait ses preuve, vous savez où vous rendre l’été prochain (l’édition 2009 vient de s’achever).

sankyo

un petit aperçu



The President’s Last Bang : Im Sang-soo (2005)

2025

A little history

Pur produit militaire, Park Chung-hee (1917-1979) fait carrière dans les armées japonaise et coréenne avant qu’un coup d’état ne lui permette de prendre les commandes de la République de Corée en 1960. Elu président en 1963, réélu en 1967 et en 1971, Park finit par réformer la constitution l’année suivante afin d’obtenir les pleins pouvoirs. Exit le vernis démocratique, un état quasi-dictatorial, ça vous pose quand même davantage son homme. Son autoritarisme déplait de plus en plus, y compris dans son propre parti. « L’inéluctable » se produit le 26 octobre 1979 : Kim Chae-kyu, vieux compagnon de route et accessoirement directeur de la Korean Central Intelligence Agency (KCIA), lui règle son compte de deux balles dans le buffet. Park 1er laisse un héritage très controversé avec une croissance économique sans précédent d’un côté et des libertés individuelles réduites à une peau de chagrin de l’autre. Trente ans plus tard, le torchon brûle toujours entre les nostalgiques de l’ancien régime et les contempteurs du défunt despote.

15 août 1974, l’espion nord-coréen manque sa cible

The synopsis

Nous sommes le 26 octobre 1979, jour de l’assassinat du président Park Chung-hee. Ce dernier invite sa garde rapprochée à une petite sauterie, histoire d’évacuer sa morosité. Yang, son secrétaire personnel, Cha, le garde du corps en chef et Kim, le directeur des services de renseignements, festoient donc ensemble dans l’hôtel particulier de la KCIA. Sont également conviées une vedette de la chanson et une starlette, la première pour roucouler de tendres ballades à l’oreille de ces messieurs, la seconde pour apaiser la libido galopante du président. C’est au cours de la soirée que le drame éclate, provoquant une panique générale au sein de l’état-major et marquant un tournant dans l’histoire du pays.

And now guys, my most interesting review

Bang ! Bang ! Sur un mode burlesque, souvent proche de la grosse farce, Im Sang-soo dresse un portrait iconoclaste du dictateur et de ses comparses. Personne n’est épargné dans ce jeu de massacre jubilatoire et survolté. Park apparaît comme une épave ambulante dont l’agenda se résume désormais à d’interminables beuveries et une consommation immodérée de nymphettes. Avant de se faire trouer la peau, on le voit notamment ronronner sur les genoux de sa dernière conquête, tel un petit garçon pris dans les jupes de sa mère. Comme si cela ne suffisait pas, le père de la nation est également nippophile; amateur d’enka, des chants traditionnels made in Japan, il lui arrive de jacasser en japonais avec son “ami” Kim, un réflexe bien naturel pour des vétérans de l’armée nipponne (1). Yang, son secrétaire, personnifie le fonctionnaire servile et pleutre, exsudant l’obséquiosité de la tête aux pieds. Quant à Cha, brute épaisse qui distribue les baffes comme on dit bonjour, ses réflexions concernant la politique intérieure du pays laissent songeur : « Au Cambodge, ils ont tué plus d’ un million de personnes. Nous, il suffirait qu’on en tue dix mille. » Et Kim alors, est-ce avec lui que l’on tient la figure rédemptrice du film ? Pas vraiment, non. Malade du foie, atteint de constipation chronique et souffre-douleur de Cha, il semble plus impatient de se vider la tête et les tripes que de sauver le pays de ses turpitudes. Ce quatuor de choc offre un spectacle pathétique, désopilant à force de médiocrité et d’incompétence.

Car il n y a que petitesse et désordre tout au long du film. Entre un putsch mené par une équipe de Pieds Nickelés, des bureaucrates dépassés par les évènements et des militaires incapables de reconnaître le chef d’état major à l’entrée du QG de l’armée, c’est un régime en pleine déroute qui se dessine sous nos yeux. Une mise en scène léchée déploie ce thriller politique aux allures de pantalonnade. Im Sang-soo sait de tout évidence manier une caméra, nous gratifiant notamment d’admirables plans-séquences et de plongées vertigineuses. Le cinéaste coréen reconnaît volontiers qu’il s’est inspiré de la célèbre trilogie de F.F. Coppola pour planter le décor. Les couleurs sombres et chaudes de la première partie du film, la mise impeccable des protagonistes et la sobre élégance des lieux rappellent en effet l’atmosphère hiératique du Parrain. Mais il ne suffit pas d’évoluer dans un cadre feutré pour avoir la carrure de Don Corleone. Flottant dans des costumes bien trop larges pour eux, nos chefaillons excellent surtout dans la balourdise.

Au-delà de l’irrévérence burlesque, le film se veut avant tout une condamnation du pouvoir dictatorial. A travers les arrestations arbitraires, les séances d’humiliation et de torture, on comprend très vite que Park and co ont un petit faible pour la répression musclée. En ce temps béni, on s’amuse follement, surtout le soir : les rues de la capitale sont en effet désertes, couvre-feu oblige. Im Sang-soo savait pertinemment qu’en écornant l’image de sa majesté Park 1er, il créerait quelques remous au pays; il n’avait sans doute pas anticipé le tsunami qui lui est tombé sur la caboche. Son distributeur, CJ Entertainment, s’est ainsi courageusement désisté juste avant la sortie du film. Park Ji-man et Park Geun-hye, le fils et la fille de l’illustre tyran, ont obtenu la suppression des quatre minutes d’images d’archives insérées au début et à la fin (2). Quant aux conservateurs et aux progressistes, ils ont pour une fois manifesté conjointement leur mécontentement, même si c’était pour des raisons diamétralement opposées (3). Au final, le film n’a pas connu le succès escompté. Mais au fait, que montrent-elles donc de si sordide ces quatre minutes censurées? Park en nuisette, Park chevauchant l’une de ses bimbos? Vous faites fausse route! Elles comportent des clichés de manifestations étudiantes ainsi qu’un petit film consacré aux funérailles nationales du “martyr”, dans lequel on aperçoit une foule immense qui sanglote hystériquement autour du cercueil. Il y a plus compromettant comme documents. Ces quelques images révèlent en tout cas l’ambivalence de la société coréenne vis-à-vis de l’ère Park, une période trouble dont il subsiste des vestiges, notamment sur le plan économique. Car si la dictature a fait de nombreuses victimes, elle a également permis à une certaine frange de la population de prospérer. Cette coterie existe toujours à l’heure actuelle, fermement cramponnée à ses petits privilèges. Im Sang-soo a voulu réveiller les consciences, confronter le pays à son passé et à ses contradictions;  entreprise périlleuse qui lui a surtout valu une volée de bois vert. Quatre ans après la sortie du film, rien ne laisse présager que les choses se passeraient différemment aujourd’hui.

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the trailer

(1) Kim Chae-kyu a également fait ses classes dans l’armée japonaise. Un nippophile zélé puisqu’il s’est porté volontaire comme kamikaze durant la guerre du Pacifique.

(2) En 2005, Park Geun-hye est présidente du GPN, le parti conservateur coréen. Selon Im Sang-soo, sa présence dans les images d’archives du film la gêne aux entournures, elle qui nourrit alors des ambitions présidentielles et ne veut pas être associée à l’héritage de son père. D’où son recours à la justice par l’intermédiaire de son frère pour supprimer ces quelques minutes encombrantes. Cela ne suffit pas puisqu’en 2007, elle est battue lors des primaires de son parti par Lee Myung-bak, l’actuel président de la République de Corée.

(3) La droite a reproché à Im Sang-soo de traîner dans la boue le “sauveur de la nation”. Quant à la gauche, elle a trouvé le traitement de “l’infâme dictateur” trop fade. Personne n’est jamais content!

Fils d’un critique de cinéma, Im Sang-soo fait des études de sociologie puis intègre la Korean Film Academy en 1989. Sa carrière compte cinq films dont Girls’ Night Out (1998), Tears (2000), Une Femme Coréenne (2003) et Le Vieux Jardin (2007). En avril dernier, les éditions Potemkine ont eu la bonne idée de sortir The President’s Last Bang dans sa version non censurée. Une petite victoire pour le cinéaste coréen et un pied de nez à tous les ennemis de la liberté d’expression.

La main tendue de Roh Moo-hyun

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C’est hier que l’ancien Président de la République de Corée Roh Moo-hyun a été inhumé à Bongha, son fief.

Loin des polémiques qui accompagnent sa mort, c’est en retrouvant par hasard une photo de ma rencontre avec lui que je me souviens de ce moment privilégié : hiver 2004, la communauté coréenne s’est rassemblée dans la salle d’honneur de l’Intercontinental Hôtel pour accueillir son Président en visite officielle (la dernière en date) à Paris. En tant que présidente de Racines Coréennes, je suis également conviée à cette réception et j’écoute distraitement les discours qui se succèdent et dont le sens m’échappe.

Au bout  de l’ennui, Roh qui a pris à son tour la parole conclut son intervention en prononçant des mots qui me réveillent de ma torpeur: mon nom que je reconnais malgré l’accent coréen. Je sens alors des mains qui me poussent vers l’estrade et me retrouve d’un coup d’un seul propulsée entre le Président de la République de Corée et la First Lady.

Je ne sais plus où je suis. Il me reste juste ce qu’il faut de présence d’esprit pour saisir la main qui se tend vers moi : celle du Président qui me sourit et dont le regard bienveillant me touche profondément.

Très vite, on me donne un micro et je comprends qu’il faut que je prenne la parole devant trois cents paires d’yeux rivés sur moi. En bas de l’estrade on me rassure: “Ne t’inquiète pas, on va traduire.”

Mais traduire quoi???

Heureusement mes fonctions m’ont rodée à cet exercice et tel un automate, je présente l’association en quelques mots dans le brouillard le plus total. Le Président, décontenancé par mon débit staccato, qui plus est dans une langue qui lui est étrangère, s’exclame : “Elle est très dynamique!” Ce à quoi je réponds dans la foulée : “C’est normal, je suis d’origine coréenne”, provoquant quelques éclats de rire dans l’assemblée et surtout un sentiment de reconnaissance et d’appartenance à la même communauté coréenne.

Au lendemain de son enterrement, je me souviens de la présence forte et authentique d’un homme qui a su donner la parole à la représentante d’un groupe ne pesant pas lourd dans son pays.

Merci Roh Moo-hyun,

sobong

Les Dramas coréens, zoom avant sur un phénomène planétaire

Winter sonataDans tous les pays, il existe une grande variété de séries télévisées. Ces séries reflètent généralement les mœurs du public auquel elles s’adressent. Ainsi le spectateur peut aisément s’identifier aux différents personnages. En Corée, ces séries sont appelées “Dramas ” et connaissent un succès très surprenant. Face à cette frénésie, les productions de Dramas se sont multipliées ces dernières années, avec des répercussions économiques non négligeables. Les Dramas coréens sont devenus une véritable industrie en Asie. On a même vu apparaître des coproductions avec la Chine, un pays qui offre de vastes espaces naturels et où les coûts de tournage sont moins élevés. En juin 2009, la Corée était à l’honneur : environ 300 réalisateurs et producteurs venant principalement du Japon, de Taiwan, de la Chine continentale  et d’Asie du Sud-est ont assisté à Séoul à la conférence annuelle des Dramas asiatiques. Pour la quatrième fois, les scénaristes des différents pays asiatiques ont pu ainsi échanger sur les différences et les similitudes de leurs séries.

La particularité du Drama coréen est qu’il s’exporte facilement à l’étranger, ce qui peut paraître paradoxal, étant donné que le genre est destiné à un public essentiellement national.

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Qu’est-ce qu’un Drama ?

Tout d’abord, il n’est peut-être pas inutile de rappeler brièvement ce que sont les Dramas. Ce sont des séries télévisées en plusieurs épisodes, en général une vingtaine, qui relatent souvent une histoire familiale ou une histoire sentimentale contemporaine. Les Dramas ressemblent la plupart du temps à un conte de fée et nous propulsent dans un monde magique où tout est beau et lisse. Cet univers féérique a rapidement séduit les Coréens qui doivent faire face à une pression sociale très forte et dont le quotidien n’est pas toujours rose. C’est pourquoi le Pays du Matin Calme ne se lasse pas de ces fictions qui tournent pourtant toujours autour des mêmes thèmes : confrontation entre deux milieux sociaux opposés (le héros est souvent le riche l’héritier d’un chaebol et tombe amoureux d’une fille ordinaire), relations conjugales, relations  triangulaires, héritage, amours impossibles, séparations, conflits familiaux.

Les personnages sont à la fois concrets et abstraits. Abstraits car les personnages évoluent souvent dans un monde utopique où seuls luxe et glamour ont droit de cité. De plus, les quiproquos et les situations rocambolesques foisonnent; il n’est pas rare de voir un personnage revenir du passé ou même de l’au-delà. Les invraisemblances ne dérangent pas du tout le spectateur coréen. Mais les personnages ont également un côté concret car ils évoluent dans des scènes de la vie quotidienne  et éprouvent les mêmes sentiments que vous et moi.

Certains Dramas, moins glamours, mettent l’accent sur des situations bien plus dramatiques (maladies incurables, accidents, brusque décès de proches etc…) dans lesquelles le sort s’acharne sur un personnage malchanceux. Mais ces feuilletons connaissent aussi un grand succès car les Coréens ont l’âme sentimentale et versent volontiers une petite larme devant un spectacle touchant.

Enfin, il existe également un autre sous- genre, les Dramas historiques, qui peuvent aller jusqu’à 100 épisodes. Ce sont des grandes sagas historiques costumées où les personnages sont toujours prêts à exhiber leur savoir-faire martial. Les Coréens sont friands de ces feuilletons qui se déroulent à une époque où il n’existait qu’une seule et unique Corée. Parmi les plus connus on peut notamment citer ” Jumong“ou “Kingdom of the wind“.

L’ascension fulgurante des Dramas coréens en Asie

Les Dramas ont d’abord connu un énorme succès auprès des Coréens. Puis ils se sont petit à petit exportés dans toute l’Asie. L’élément déclencheur a été la diffusion de « Sonate d’hiver» en 2003. Dans un premier temps, ce feuilleton a été diffusé au Japon par la chaîne KNTV pour les Zainichi coréens. Face à l’ampleur du succès, il a ensuite été programmé sur  les chaînes-satellites et hertziennes du même groupe. Un phénomène inattendu s’est alors produit. La Corée qui était jusqu’alors un pays de seconde zone pour les Japonais est subitement devenue un lieu de destination touristique. Des hordes hystériques de fans nippons ont pris d’assaut les lieux du tournage. Plus récemment, des feuilletons comme « Full house », « Stairway to heaven » ou bien encore « Boys Before Flowers » début 2009 ont également fait fureur et envahi les petits écrans. Cet intérêt grandissant n’a pas uniquement touché le Japon. Le Vietnam, la Malaisie, et l’Indonésie ont eux aussi succombé aux productions coréennes.

les Dramas coréens ou l’image de marque de tout un pays

Grace à l’impact de leurs Dramas, les Coréens ont pu étaler au grand jour leur prospérité. Les scènes où la richesse matérielle est magnifiée abondent; il n’y a pas de demi-mesure : voitures et villas luxueuses, vêtements de marque, look et coiffures hyper branchés, téléphones portables et écrans plasma dernier cri etc… Même les acteurs sont les ambassadeurs d’une réussite éclatante : leurs visages refaits, quasi parfaits, révèlent le triomphe d’une chirurgie esthétique irréprochable. Certains sont devenus des icônes nationales et internationales. Lee Young-ae qui a joué dans le célèbre Drama historique “Dae Jang Geum en est un exemple, tout comme Bae Yong-joon, le héros de « Sonate d’hiver », qui fait fantasmer la ménagère japonaise. Les agences de pub se disputent leurs images lucratives et populaires.

C’est donc l’image d’un pays fort, dynamique et trendy qui ressort de ces feuilletons. La Corée est subitement devenue le pays de référence en matière de goût, de mode et d’art de vivre, supplantant la vague japonaise qui avait déferlé en Asie dans les années 80. Ce phénomène, appelé “Hallyu” (vague coréenne), peut être défini comme un mouvement de la pop culture coréenne que l’on retrouve aussi bien dans la musique, les films, ou encore les jeux vidéos. Cette vague coréenne a contribué au rayonnement de la culture coréenne en Asie. De nombreux consommateurs de Dramas coréens considèrent la Corée comme un pays magique où tout est possible. Marchand de rêves, Le Matin Calme est désormais une destination qui compte.

sobong


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