Aller à Haeundae beach lors d’un typhon

En Août dernier, avec plusieurs amis nous avions l’intention d’aller passer quelques jours au bord de la mer. Souhaitant être rapidemment au bord de la mer, nous avions choisi comme destination Busan, plus précisément Haeundae beach. Extrêmement facile d’accès depuis Seoul Station, le KTX (le TGV coréen) nous a enmenés à Busan en trois heures. Comme il y a plusieurs trains par heure, nous n’avions pas besoin de réserver à l’avance des tickets ce qui change de la SNCF !

Arrivés à la gare, on a le choix soit de prendre un taxi pour 20.000 wons environ et selon la circulation, on arrive à Haeundae beach après une demi-heure ou une heure de route, soit de prendre le métro (ligne 2) et là il faut compter également une d’heure. Ce qui fait qu’en 4-5 heures on peut quitter Seoul, mégalopole, pour se retrouver à la plage!

Je n’étais pas retournée à Haeudae depuis 6 ans et dès mon arrivée, j’ai été surprise par toutes les constructions, principalement des hôtels qui sont apparues depuis. Comme le temps était encore relativement ensolleilé, la plage et les rues grouillaient de monde alors qu’en 2004, Haeundae ressemblait à une station balnéaire désertée.

Haeundae est devenue très prisée, c’est un phénomène de mode et en Corée, tout fonctionne dans le mimétisme, la ressemblance et l’apparence. Tout porte à croire que le coréen ne sent bien que s’il fait exactement la même chose que son voisin. Néanmoins, les coréens m’ont toujours impressionnée par la rapidité à laquelle ils reproduisent le même chose, en l’occurence ici des motels et des hôtels pour accueillir des milliers de coréens. Leur faculté d’adaptation est également incroyable, tout du moins en apparence.

Pour le logement, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Les grandes hotel sont situés sur le front de mer. Lorsqu’on s’enfonce dans les petites rue, on peut aussi trouver des motels à des prix bon marché entre 50.000 et 100.000 wons. Il existe aussi un hôtel le sunset business propre, confortable et bien situé qui ne donne pas directement sur le front de mer mais d’où l’on peut quand même avoir vu sur la mer de certaines chambres. L’avantage est que le prix d’une chambre est plus abordable que les hotels de luxe et s’élève à environ 150.000 wons en haute saison.

Le soir lorsque nous nous sommes promenés, la mer commençait à être noire et déchainée. Des agents de sécurité sifflaient à chaque fois qu’une personne s’approchait trop près de la mer, même s’il n’y avait objectivement aucun danger à tremper ses pieds dans l’eau. Mais les coréens obéissaient et n’essayeaient pas de perséverer lorsque le coup de sifflet retentissait.

Le lendemain, nous sommes restés quelques temps sur la plage à regarder la mère se déchaîner mais surtout le spectacle s’étendait aux coréennes pour lesquelles le typhon n’avait rien enlevé à leur coquetterie. Dans un prochain post, d’autres photos montreront que même en tenue de plage, les coréens et les coréennes sont hyper stylés…

sobong

S’il fait trop chaud à Seoul l’été

Alors que l’automne s’est abattu subitement sur Paris cette semaine, je repense à la chaleur torride qu’il y a eu au mois d’Août dernier en Corée. Cela faisait des années que de tels pics de chaleur n’avaient pas été enregistrés. Il fallait absolument trouver un moyen pour y échapper. Au diable la pollution et l’humidité, avec deux amies, nous sommes parties, un lundi matin, en métro ligne 3 au nord de Seoul en direction de Bukhansan. Il existe au moins trois ballades différentes commençant à trois point différents de Seoul. Arrivées à la station Suyu, nous avons pris le bus 110. Au terminus, il a commencé à pleuvoir, de plus en plus fort… Qu’à cela ne tienne, nous avions l’habitude de ces chaudes pluies diluviennes qui ne durent que quelques minutes. En attendant que cela se calme, nous avons donc acheté des imperméables jetables et pris la navette entourées de Adjumas qui allaient se recueillir au temple ….

L’asension a duré environ 3 heures, entrecoupée de pauses près de la rivière qui nous renvoyait un peu de fraicheur. En chemin, nous avons rencontré un Adjoshi avec lequel nous avons pris l’habitude de faire nos pauses sous les arbres à l’abri de la pluie. Il nous montrait le chemin et rythmait notre parcours.  L’hospitalité et la tradition coréenne étant présente partout même en pleine montagne, il nous a invité à déjeuner près d’un petit temple. Juste avant la dernière montée, il nous a montré les trois autres points culminants de la montagne Bukhansan alors que s’étendait à nos pieds l’immensité de Seoul. Le brouillard nous a malheureusement empêché d’apprécier pleinement la vue. Mais quelle joie d’atteindre le sommet et  en cadeau bonus, le drapeau coréen flottait dans le vent…

Cette journée nous a permis de nous évader dans la nature sans pour autant être obligées de partir loin de Seoul.

C’est un bon plan lorsqu’il fait trop chaud à Seoul.

sobong

3rd Line Butterfly, Nine Days Or a Million

Music Alliance Pact (MAP) a été créé par The Pop Cop, collectif regroupant environ 34 Blogs de musique de pays différents et qui permet de découvrir des groupes de musique du monde entier. Ce mois de mars, Indiefulrock qui est le blog consacré à la musique coréenne, a sélectionné le groupe de rock alternatif coréen 3rd Line Butterfly (3호선 버터플라이). Ce groupe existe depuis 1999, leur musique a connu un grand succès à travers le drama Ruler Of Your Own World. Il se produit le plus souvent dans les salles de concerts à Hongdae, quartier au nord-ouest de Séoul où est situé l’université d’arts et berceau du rock underground coréen. 3rd Line Butterfly a sorti 3 albums de 1999 à 2004 Self Titled Obsession , Oh! Silence, Time Table. Il a fallu attendre patiemment cinq ans avant qu’ils ne sortent, fin 2009, un quatrième album, Nine Days or A Million. En attendant la sortie de ce nouvel album, les musiciens et la chanteuse Nam Sang ah ont évolué seuls ou avec différents groupes de musique comme Mauvais sound pour la chanteuse, the Moonshiners pour le batteur Son Kung Ho.

J’ai  découvert ce groupe de rock lorsqu’ils sont venus à Paris au Batofar et à la Flèche d’or lors du Festival Morning Calm Fever organisé par l’association Racines Coréennes en octobre 2006. La scène musicale parisienne a plus que séduit le groupe de rock coréen: ils confient avoir eu leur meilleure expérience musicale lorsqu’ils ont donné un concert à la Flèche d’Or. Outre la qualité “du son qui venait à eux”, ils ont apprécié la scène underground parisienne. Ils ont découvert une qualité de son, une élégance et une chaleur à Paris qu’il n’ont trouvé ni au Japon où tout est pourtant bien organisé, propre et de haute qualité, ni à New York où le son est fort, lourd et formel, ni en en Corée où le son est plus bas, la musique de Hongdae étant plutôt triste et mélancolique.

Lors de mes différents séjours à Séoul, j’ai eu la chance de pouvoir assister à plusieurs de leurs concerts et de pouvoir les rencontrer.

Rencontre avec le guitariste, auteur, compositeur Sung Kiwan

L’été dernier, j’ai pu discuter longuement avec Sung Kiwan, le guitariste, leader du groupe. Avant la sortie de leur dernier album Nine Days or A Million, le musicien animait une émission à la radio pour faire découvrir les musiques du monde, il a composé de nombreuses musique de film. Egalement poète, il a écrit un deuxième recueil de poème, création plus solitaire. Il a sorti un album solo, Your song.  Mais pour Kiwan, l’interaction entre musiciens est essentielle, la communication avec les autres fait partie de la création musicale, être ensemble et rencontrer le public lui tiennent vraiment à coeur. C’est pourquoi, le quatrième album de 3rd Line Butterfly était une belle expérience. Le guitariste nous explique que ce mini album est composé de 5 chansons : deux chansons ont été écrites par Nam Sang ah et lui-même, une chanson par la Sang ah seule, une autre par Sang ah et le bassiste Kim Namyoon et une dernière par tous les musiciens du groupe.

Sung Kiwan est un enfant du quartier de Hongdae et il en est fier. Avant 1987/88 et sous la dictature, la plupart des groupes de musique et des chansons étaient censurés. Il y a vingt ans, Hongdae était une scène underground, indépendante, libre et expérimentale. La musique était un moyen d’expression. Face à l’oppression il y a eu une renaissance, un dynamisme. Les musiciens de 3rd Line Butterfly ont tous grandi à Hongdae.

Kiwan semble préoccupé par la temporalité mais une temporalité non linéaire. C’est lors de son périple au Mali l’hiver 2008/2009 qu’il a pu apprécier ce sentiment d’appartenir à la fois au passé et au présent. Le point de départ, là d’où tu viens est important. Sur les traces des Tellem (“ceux qui étaient avant nous“), il a passé quelques mois au Mali où il a rencontré d’autres musiciens et a pu échanger et jouer avec eux. Il est persuadé qu’en Afrique, on peut vivre deux temps à la fois, alors qu’en Europe, en Asie ou en Amérique, les personnes vivent au présent et sont confrontées à une réalité immédiate. Même si en Corée, on peut trouver un mélange de tradition et modernité, la symbiose et l’harmonie que recherche Kiwan est ailleurs.  Il rêve d’entrer dans une boucle qui lui fait penser à un tourbillon. Ce sentiment de bien-être, avoir l’expérience de vivre dans deux temporalités à la fois lui rappelle l’omnipotence de la mère. Ce qui importe dans la vie c’est bien la quête de l’amour, s’aventurer dans ce chemin où soudainement on n’est sûr de rien. Il faut retrouver ce que l’on a perdu en soi, l’amour est une rencontre avec l’autre, une lecture réciproque de l’autre où chacun doit déchirer ce qui est en lui pour se dévoiler. Le musicien-poète exprime cette quête dans les mots, dans ses poèmes et sa musique pour montrer ce qu’il a en lui-même.

Le premier album  de 3rd Line Butterfly est un rock jeune et direct, le second album est plus silencieux, plus proche du naturel, transitoire, le troisième est plus esthétique, plus artistique, plus mûr.

Nine Days or A Million est un retour vers les origines, il est plus tourné vers le rock, le naturel, il est quelque part situé entre le passé et le futur.

sobong

Une vie toute neuve

Nous sommes en 1975 à Séoul, un père emmène sa petite fille de 9 ans, Jinhee, en voyage à la campagne. Plusieurs scènes nous montrent que le papa est attentionné et s’occupe bien de sa fille. On s’attendrit lorsqu’il nettoie les nouvelles chaussures de sa fille qui vient de glisser dans la boue. On voit aussi combien Jinhee est attachée à son père. Soudain le film prend une autre tournure qu’on a du mal à accepter, le père et la fille arrivent à destination: un orphelinat tenu par des sœurs catholiques. L’abandon est filmé de manière très simple, sans mélodrame, le père ne s’attarde pas. De toute façon, les états d’âmes peuvent-ils être à la hauteur lorsqu’il s’agit d’abandonner son enfant? Mais quand même, on ne comprend pas trop comment un père si prévenant peut abandonner une petite fille si adorable. Comme Jinhee, on ne connaît pas la raison de cet abandon. De même, on a du mal à accepter et à croire que la rupture est définitive. Petit à petit, on s’aperçoit que le père a menti à sa fille. Au fil des scènes, au rythme de Jinhee, on se construit ses propres explications, mais rien n’est vraiment jamais clair. Telle est la réalité. Ce qui nous paraît en revanche clair est le désarroi dans lequel se trouve Jinhee et son incompréhension d’avoir atterri à l’orphelinat car pour elle, ce genre d’endroit est fait pour accueillir les enfants qui n’ont pas de parents. Or, ce n’est pas son cas puisqu’elle a son père. Elle a du mal à accepter son sort et refuse catégoriquement d’être adoptée par une famille. Jinhee se trouve confrontée à la solitude, aux mensonges de son père, puis à ceux des adultes, aux promesses non tenues, aux liens qui se font et se défont et à la nécessité de se faire une raison. Ses accès de colère, sa tentative d’évasion ou bien encore son souhait de disparaitre et de s’enterrer sont des réactions que l’on ne peut que comprendre.

Jinhee finit par accepter son destin: celui de quitter la Corée pour aller dans un pays inconnu et avoir une nouvelle famille. Chaque départ d’un enfant est filmé et donne lieu à des scènes poignantes: tous les orphelins se réunissent pour chanter et dire adieu à celui qui part et s’éloigne petit à petit. Là encore, les paroles de la chanson « ce n’est qu’un au revoir » ne sont que mensonges. Jinhee a une certitude qui est celle de partir vers une terre inconnue, vers un pays où elle ne connait ni la langue, ni les coutumes, ni personne. A-t-elle conscience de quitter sa terre natale pour un long moment? Ressent-elle un déchirement dont elle ne mesure pas encore l’ampleur? En tous les cas, sa décision est prise. Elle a fini par renoncer à retrouver son père et par accepter d’avoir une nouvelle famille. Courageuse, elle part vers de nouveaux horizons que les adultes lui ont promis meilleur.

L’interprétation de la petite fille est remarquable. Ce film n’est ni larmoyant, ni rédempteur, il retrace avec talent l’univers d’un enfant qui du jour au lendemain bascule vers l’inconnu. Une vie toute neuve nous montre avec une extrême pudeur la force et le courage qu’un enfant peut puiser en lui.

Bravo et merci Ounie Lecomte d’avoir eu la maturité, la force et l’intelligence de réaliser ce film! Merci à toute son équipe coréenne et particulièrement au co-producteur Lee Chang Dong.

sobong

Une vie toute neuve

Lee Myung-se au 4ème festival de cinéma franco-coréen

Their_Last_Love_AffairA l’occasion du 4ème festival franco-coréen qui se déroule en ce moment au cinéma Action Christine dans le 6ème arrondissement à Paris, j’ai découvert l’univers très personnel du réalisateur Lee Myung-se lors de la projection en sa présence de deux de ses films : “Their last love affair” (1996) et ” M ” (2007).

Le premier est une histoire d’amour passionnel entre un professeur de littérature et une jeune journaliste qui admire sa poésie. Le réalisateur nous plonge peu à peu dans l’univers des deux amants. Menant jusqu’ici une vie bien rangée avec femme et enfants, le professeur brûle de désir pour sa conquête et finit par mener une double vie. Quant à la demoiselle, elle oscille entre la volonté de vivre pleinement son amour et la raison qui la ramène régulièrement à sa condition de maîtresse. Afin de s’octroyer quelques jours de bonheur, les deux amants échouent dans un trou perdu en bord de mer. Exilés et coupés de la société, ils se retrouvent ainsi livrés à eux-mêmes et la réalité de leur passion. Sachant pertinemment que leur histoire est sans avenir, nos deux tourtereaux commencent à perdre la maitrise d’eux-mêmes, ce qui donne lieu aux meilleures scènes du film, entre burlesque et tension dramatique. Lee Myung-se fait preuve de beaucoup de talent quand il s’agit de montrer les états d’âme des deux protagonistes et les accès de folie provoqués par la force leurs sentiments.

m-3-filmLe second film m’a particulièrement interpellée. A la fois expérimental et peu conventionnel, «M» déborde d’innovations techniques. Le spectateur est littéralement plongé dans la psyché d’un talentueux écrivain qui souffre du syndrome de la page blanche. Tout au long du film, nous voilà embarqués avec lui dans une odyssée intérieure afin de comprendre les raisons de cette panne d’inspiration. On finit par ne faire plus qu’un avec son désarroi et on en vient, tout comme lui, à mélanger rêve et réalité. Il apparaît progressivement que le héros est hanté par le souvenir de son premier amour qu’il a cru pouvoir oublier. Mystère de la mémoire, du refoulement et des conséquences que cela peut avoir sur le présent. Le cinéaste coréen filme avec brio la cartographie mentale d’un être qui tente de résoudre un dilemme dont il ignore l’origine et qui le paralyse.

Des quelques propos que le public a échangés avec Lee Myung-se, je vous en livre un échantillon. Dans tous ses films, Lee fait la part belle au noir. Ainsi, l’écrivain de « M » revient sans cesse dans le bar « Arsène Lupin », un endroit étrange et d’un noir absolu, théâtre de sa rencontre avec la jeune Mimi. A titre anecdotique, le réalisateur coréen nous informe qu’il existe depuis plus de cinquante ans un « Lupin Bar » à Tokyo, dans le quartier de Ginza qu’il aime fréquenter. Chaque scène est composée à la manière d’un tableau, avec des couleurs très chatoyantes qui s’opposent constamment au noir.

Lee Myung-see nous invite d’ailleurs à aller voir l’exposition de Pierre Soulages à Beaubourg car l’œuvre du peintre français, qui joue constamment du contraste entre le noir et la lumière, peut selon lui mieux nous faire comprendre les méandres de l’âme humaine. Lee confie également au sujet de « M » que l’idée lui est venu suite à un rêve au cours duquel Alfred Hitchcock lui donnait un livre intitulé « M ». On lui souhaite ne serait-ce que le quart du succès qu’a connu son homologue d’origine anglaise.

sobong

Bouddhas coréens au musée Guimet

Bouddha.guimet Début Octobre, l’association Racines Coréennes organisait une visite guidée de la section coréenne du musée Guimet. Ce musée consacre trois salles à la Corée comprenant environ 1.000 pièces, ce qui paraît peu face aux 12.000 pièces japonaises et 20.000 chinoises. Cela n’a pas empêché la conférencière de nous transporter à travers toute l’histoire de la Corée pendant une heure et demie.

Les plus anciennes pièces proviennent de l’époque des Trois Royaumes, période allant du Ier siècle avant J.C. jusqu’au VIIème siècle après J.C. et comprenant les royaumes de Koguryŏ, Paekche et Silla. On y trouve aussi bien des boucles d’oreilles qui datent du royaume de Silla (Vème siècle) qu’une magnifique couronne en bronze doré. Cette couronne découpée en ramures évoquant des branches d’arbres rappelle l’importance que revêt la nature  dans la culture coréenne.

Tout comme le musée Guimet dans son ensemble, la collection coréenne offre de très belles pièces révélant l’importance du bouddhisme. Du Royaume de Paekche (VIème siècle), un superbe Bodhisattva en bronze doré dont la pose  de méditation “panga sayu sang ” (une jambe repliée sur l’autre avec le coude sur le genou) permet d’identifier son origine coréenne plutôt que chinoise.  Au fond de la première salle, un Bouddha enseignant de l’époque de Koryo (XIème et XII ème siècles)  dégage à la fois sérénité, simplicité et douceur.

Avalokiteshavara.coree J’ai été particulièrement impressionnée par une magnifique statue en fonte de fer dorée représentant l’image d’Avalokiteshvara aux 1000 bras et 1000 yeux de l’époque de Koryo (Xème et XIème siècle). Les 43 mains de la statue portent chacune un attribut différent. On peut donc y découvrir un joyau qui symbolise sa propre illumination mais aussi une fleur de lotus, image de la pureté de son corps, de son esprit et de sa parole. Curieuse de connaître la signification de ces multiples bras, j’appris plus tard  que l’Avalokiteshvara est le bouddha qui regarde les hommes avec compassion. C’est ainsi qu’il possède entre deux et mille bras avec un œil dans chaque paume de la main pour veiller sur les êtres vivants et prendre soin d’eux.

Avalokiteshavara.chinePour les amateurs de Bouddhas aux mille bras, on peut également contempler un autre Avalokiteshvara dans la section chinoise dont je n’ai pu m’empêcher de prendre une photo bien que cette pièce ne soit pas coréenne ! Outre tous ces Bouddhas, les trois salles dédiées à la Corée nous donnent un bel aperçu de l’art coréen car on peut y contempler aussi bien des statues, peintures, paravents,  meubles que des masques, sans oublier la céramique (céladon) .

sobong

Trois semaines dans une université coréenne

Yonsei-university-main-buildingUn des moyens d’apprendre la langue coréenne est de s’immerger totalement pendant trois semaines en Corée en suivant des cours intensifs programmés par une  université. Cela faisait longtemps que je songeais à cette option. C’est donc l’été dernier que j’ai franchi le pas en m’inscrivant à l’université de Yonsei (‘연세대학교’). Par la suite, j’ai appris qu’elle faisait partie de l’une des trois plus prestigieuses universités de Séoul. Du coup, même si pour ce genre de programme d’été, l’admission se résume à payer les frais de scolarité (environ 900.000 Wons), j’étais toute fière de recevoir ma carte d’étudiante !

Nous étions une douzaine d’élèves par classe, répartis en groupes de 6 niveaux. Pendant trois semaines d’affilée, dans une atmosphère studieuse (test de vocabulaire toutes les semaines, devoirs à la maison) et à un rythme soutenu (4 heures par jour), deux professeurs dynamiques nous ont enseigné les prémisses de la langue coréenne, le tout couronné par un test final. Attention, si l’on veut obtenir un certificat, il faut se plier aux règles: une seule absence est tolérée (et plus de trois retards valent une absence). Une deuxième petite précision me paraît également utile : ce qui est enseigné est la formule de politesse la plus soutenue et non pas le niveau de politesse qu’on emploie dans la vie courante.

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La plupart des élèves sont de jeunes étudiants mais comme il n’y a aucune limite d’âge, il y a quelques brebis galeuses déjà sur le marché du travail qui, comme moi, sont assez folles pour sacrifier leurs vacances à essayer de comprendre la complexité de la langue coréenne ! Ayant fait des études à l’étranger, j’y ai toutefois retrouvé une atmosphère étudiante très internationale, ce qui m’a par ailleurs fait penser que ma jeunesse était totalement révolue… Ce qui était insolite pour moi était que l’Asie dominait l’Europe en nombre d’étudiants : la plupart venait majoritairement du Japon mais aussi de Taiwan, d’Indonésie, des Philippines ou de Chine continentale. Une minorité venait d’Hawaï, des Etats-Unis et d’Europe.

Pour me donner des forces, c’est encore la nourriture coréenne qui m’a apporté réconfort lors de ces matinées studieuses. Chaque cours de 50 minutes est entrecoupé d’une pause de 10 à 20 minutes pendant laquelle on peut très vite prendre des habitudes coréennes en engloutissant dès le matin en seulement quelques minutes des Kimbap, un Bibimbab, un Dubu jjigae ou bien encore un Doenjang ou un Kimchi jjigae !

Pour les accrocs du Nolaebang (karaoké coréen), le dernier jour, il est possible d’apprendre quelques tubes du moment comme par “Nobody” des Wonder Girls , sans oublier Arirang, la plus célèbre chanson traditionnelle et folklorique coréenne (en version électro remastérisée), le tout en mangeant des Tok (gâteau coréen fait à base de riz).

A noter que Yonsei n’est pas la seule université à proposer ces cours; les universités de Goryeo, d’ Ewha, de Sogang et bien d’autres offrent également des programmes similaires.

Pour ceux qui en ont marre des vacances farniente, n’hésitez-pas à vous inscrire, vous ressortirez de ce séjour le cerveau en ébullition, prêts à dégainer des centaines d’expressions coréennes acquises de haute lutte.

sobong

La Corée au Japon

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Si vous avez un coup de blues lorsque vous êtes à Tokyo et que vous souhaitez absolument manger un Bibimbap ou que vous avez une envie irrépressible mais néanmoins légitime de manger du  Kimchi, allez sans hésiter à Shin-Ōkubo Station (新大久保駅, Shin-Ōkubo-eki) et vous trouverez de multiples restaurants coréens.

Shin- Okubo est sur la JR Yamanote line qui se situe à un arrêt de métro du quartier de Shinjuku. La station est donc relativement bien située puisqu’elle est sur la JR line (desservant les gares de Ueno et Tokyo) et qu’on est rapidement à Shinjuku, Harakuju, Ropongi ou bien encore Ebisu.

Lorsqu’on sort de la station de métro, on a du mal à croire qu’on se trouve à Tokyo car toutes les enseignes sont écrites en hangeul (caractères coréens). Ce quartier regroupe également de nombreuses épiceries coréennes, des karaokés et des bars coréens, des magasins de CD et de DVD coréens où l’on peut également trouver toutes sortes de produits dérivés à l’effigie des stars coréennes du moment.

Même en voulant prendre un café, on se retrouve dans un endroit dont le décor rappelle étrangement le drama coréen « Coffee prince ».

La raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés dans ce quartier le mois dernier n’a pas été la nostalgie de la capitale coréenne que nous venions de quitter. Notre motivation était ailleurs : c’était la recherche d’un logement sympathique à Tokyo à un prix raisonnable. Or, à Shin- Okubo, on trouve de nombreux « Minbak » qui sont des sortes de guest houses tenues par des Coréens. La particularité de notre Minbak était que la propriétaire n’habitait pas dans les lieux, ce qui nous laissait une totale indépendance dans nos allées et venues. Cela ressemblait plus à un hôtel qu’à une maison d’hôtes. Nous étions donc dans un appartement avec plusieurs chambres, toutes occupées par des Coréens car la clientèle est forcément coréenne, les sites proposant ces hébergements étant écrits, pour la plupart, en coréen et non en anglais. Si bien qu’à l’intérieur du Minbak, tous les panneaux ou écriteaux qui expliquent le fonctionnement de l’ordinateur, de la cuisine, de la machine à laver ou bien encore de la salle de bain sont également écrits en caractères coréens!

Les prix sont extrêmement compétitifs lorsque nous les avons comparés avec ceux d’autres guest houses. On peut donc trouver une chambre pour deux, trois ou quatre personnes entre 3.000 et 4.500 yen la nuit par personne !

Ce quartier n’a pourtant pas bonne réputation auprès des Japonais. Il est considéré comme dangereux. Cette réputation vient sans doute des relations difficiles et ambiguës qu’entretiennent les Japonais avec les Coréens du Japon (et réciproquement) et qui sont dues principalement aux origines historiques de cette immigration. Les Coréens habitant au Japon, appelés Zainichi, constituent le groupe d’immigrés le plus important. La plupart des Coréens sont issus de la vague d’émigration économique qui a eu lieu au début du XXème siècle durant l’occupation de la Corée par le Japon. Puis, peu après, lors de la Seconde Guerre mondiale, face à une pénurie de main d’œuvre, les Japonais ont mené une politique de recrutement auprès des Coréens pour les faire venir travailler dans leur pays.

Bon, si cela peut rassurer certains, nous n’avons eu aucun problème lors de notre séjour. Bien au contraire, le côté populaire nous a plu en nous rappelant certains quartiers de Séoul !

sobong

Kimchi encore et toujours

Quand les Coréens aiment quelque chose, ils ne font pas dans la demi-mesure. SeoulParis avait évoqué leur adoration quasi-mystique pour le Kimchi dans un précédent billet.

Le Pays du Matin Calme poursuit la promotion de son célèbre chou fermenté avec un enthousiasme qui ne faiblit pas.

L’objet du culte est en effet à l’honneur de nombreuses festivités. Du 23 octobre au 1er novembre, la ville de Gwanju (Province de Jeolla) célèbrera le Kimchi autour d’un festival. A cette occasion, un concours de cuisine sera organisé ainsi qu’une présentation des Kimchi de toutes les régions de Corée.

En nommant  officiellement le 28 juillet dernier le célèbre chef Edward Kwon, les stars Kim-Jung-eun, Keum Hyo-min et  Jin Goo ambassadeurs du prochain festival de Kimchi de Gwanju,  les Coréens enrobent leur prosélytisme culinaire d’un vernis des plus glamours.

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Dans le même esprit, Kim Soon-ja, consacré en 2007 premier “Master of Kimchi” par le ministère de l’Agriculture, a élaboré après des recherches approfondies un Kimchi sans la forte odeur qui pouvait rebuter certains consommateurs.

Si, après tous ces efforts, le monde entier n’en vient  pas à manger Kimchi matin,midi et soir, c’est à désespérer!

sobong

Le confucianisme dans les Dramas coréens

imagesA la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’Asie du sud-est était marquée par la vague japonaise. Les chanteurs ou les téléfilms nippons inondaient le continent asiatique grâce à l’apparition des chaînes câblées et des satellites. Puis fin des années 1990, une nouvelle vague, coréenne cette fois-ci, a déferlé dans toute l’Asie. Aujourd’hui, les Dramas coréens sont diffusés dans le monde entier. Depuis quelques temps, ils connaissent ainsi un franc succès en Amérique latine ; même en Europe, le nombre des accrocs va grandissant. Il est évident que les nouveaux médias ont joué un rôle considérable dans l’expansion de ce que l’on nomme Hallyu.

Ce phénomène désormais planétaire peut paraître surprenant. En effet, il n’y a rien de révolutionnaire dans ces feuilletons à l’eau de rose qui reposent presque toujours sur les mêmes artifices. Un happy end bien ficelé clôt généralement la série. Ce n’est donc pas le suspens qui tient en haleine le téléspectateur.

L’enthousiasme des Coréens tient notamment au fait qu’ils sont curieux et ont une soif de découverte depuis l’avènement de la démocratie. Ils se passionnent pour tous les modes d’expression, débats de société et autres talk shows. Ils recherchent avidement les échanges d’idées et d’informations par le biais de la télévision ou bien encore des nouveaux médias. Or, les Dramas se nourrissent de ces mêmes thèmes de société, ce qui permet au public du Matin Calme de s’identifier très facilement aux personnages. Le succès des séries coréennes en Asie n’a rien de miraculeux non plus; les pays voisins sont sensibles aux valeurs que ces dernières véhiculent, des valeurs communes, en particulier celles provenant du confucianisme.

Les enseignements de Confucius

A travers toutes ces productions, on retrouve en effet les principes de Confucius qui enseignait quatre choses : la littérature, la morale, la connaissance de soi-même et l’honnêteté dans les relations sociales. De même, sont mises en avant les cinq obligations morales universelles qui sont les devoirs réciproques existants entre souverains et sujet, entre père et fils, entre mari et femme, entre aîné et cadet et entre amis.

Les Japonais apprécient particulièrement certaines valeurs traditionnelles propagées dans les Dramas coréens : le respect des ancêtres, la piété filiale ou encore les cérémonies familiales. Un public nippon d’autant plus sensible à ces valeurs qu’elles semblent s’éroder sur leur archipel. Confucius disait : « Quand les cérémonies ne sont pas observées exactement, le désordre règne. Quand la terminologie est incorrecte, les choses ne sont pas à leur place. Le désordre consiste en ce qu’un homme abandonne les principes moraux ; ce qui n’est pas en place, c’est le sage qui n’obtient pas la place qu’il mérite ». Selon le sage chinois, supprimer les rites et les coutumes sous prétexte qu’ils sont inutiles est un désastre moral qui ne peut qu’obscurcir l’avenir.

La Règle d’or de Confucius

En Asie, la famille a toujours été le socle de la société. Cela nous rappelle l’enseignement de Confucius sur le fait qu’un homme fonde sa conduite personnelle sur le principe de réciprocité (la “Règle d’or”) : ne faîtes pas aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on vous fît. C’est ce principe qui permet à un homme de convertir ses semblables à sa propre conception de la vie. L’art de gouverner consiste simplement à ordonner les choses. C’est pourquoi l’organisation de la vie nationale dépend de celle de la vie familiale qui dépend elle-même de la vie intérieure de tout un chacun. Pour cultiver sa vie intérieure, il faut commencer par avoir un cœur droit. Pour avoir un cœur droit, il faut parvenir à une sincérité d’intention. Pour avoir une sincérité d’intention, il faut posséder le vrai savoir. Pour posséder le vrai savoir il faut sonder les choses…

Beauté et force des sentiments

Outre leurs accents confucéens, les Dramas secouent fortement la corde mélodramatique. Lorsqu’on les compare aux autres séries américaines ou européennes, on remarque tout de suite que les sentiments prévalent sur l’action. Les Coréens donnent plus d’importance aux bleus à l’âme qu’aux enquêtes policières, courses de voiture et autres cascades. Ils ont un goût prononcé pour les crises lacrymales, ce qui n’est pas forcément le cas des occidentaux.

Prenons l’exemple du Drama “Boys Before Flowers “, réalisé à partir d’un manga japonais. Pour la petite histoire, ce manga avait déjà été adapté par les Taïwanais sous le titre de ” Meteor Garden ” et avait connu un succès phénoménal à l’époque. Cela n’a pas empêché le remake coréen de très bien marcher début 2009. Si l’on compare les adaptations, les Taïwanais ont privilégié l’aspect comique, les Coréens ont davantage exploité la fibre sentimentale de cette histoire d’amour improbable.

L’idée que l’amour triomphe de tout est en effet très appréciée dans les cultures asiatiques où le premier amour revêt une importance capitale. Lors de la sortie deWinter Sonata” les japonaises, plutôt quinquagénaires, ont été sensibles à l’amour sincère que pouvait éprouver le personnage principal pour une femme. Nombreuses sont les histoires où l’amour vient à bout d’un mariage arrangé, une coutume qui a encore pignon sur rue en Asie. De même, le fait que deux personnages issus de milieux sociaux très différents puissent se marier fait rêver (comme dans “1% of anything” ou bien encore plus récemment Shining inheritance“).

Beauté et force des sentiments sont alors célébrés. Parmi les classiques du genre, le petit coq fortuné à qui une pauvre jeune fille enseigne  la sagesse, la compassion et le courage : trois qualités universelles permettant, selon les préceptes confucéens, l’accomplissement des cinq obligations morales universelles. L’idée qui en ressort est que chaque homme doit considérer sa vie intérieure comme la racine ou la base de l’univers.

La mode sert souvent à occulter un quotidien morose ou à combler un vide existentiel. Or, il est possible que les Dramas  proposent une sorte de modèle culturel à des pays asiatiques tels que la Chine, une nation en pleine mutation aujourd’hui grâce à une croissance économique fulgurante. N’oublions pas que l’Empire du Milieu est le berceau du confucianisme.

C’est donc peut-être bien pour amortir le choc entre morale traditionnelle et modernité que les  fans des Dramas coréens sont aussi nombreux en Asie.

sobong


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