Leonard Chang : la trilogie Allen Choice

pourr12663Allen Choi(ce). N’oubliez pas ce nom, il pourrait bien vous tenir compagnie lors de vos futures soirées hivernales. Elevé par une tante acariâtre à la mort de son père, adolescent rebelle puis étudiant raté, Allen est désormais bodyguard pour les grands pontes de la Silicon Valley. C’est un animal solitaire qui conduit sa vie sans véritable direction, entre apathie et spleen existentiel. Mais le dézinguage de son collègue Paul Baumgartner le tire brusquement de ce qu’il nomme « l’illusion inertielle ». Avec l’aide d’une jeune journaliste aux dents longues, notre anti-héros entreprend de faire toute la lumière sur le meurtre de son binôme. Cette enquête menée tambour battant le plonge progressivement dans les méandres de son propre passé, un passé bourbeux dont les plus noirs secrets vont se révéler les uns après les autres.

A première vue, Pour rien, ou presque, Brûlé et Protection trop rapprochée (1) pourraient aisément passer pour d’indigestes romans de gare. Terrible méprise ! Leonard Chang a du talent et ça se voit : intrigues habilement ficelées, rythme trépidant, le tout servi par une prose nerveuse et sans bavures. On pourrait très bien s’arrêter là mais ce serait passer sous silence la grande réussite de l’œuvre : Allen Choice alias the Block. Personnage atypique que ce garde du corps coréen-américain qui ignore tout de son pays natal et n’y voit pas là une nécessaire tragédie. L’angle ethnique est certes exploité mais sans fanfare et à doses homéopathiques. Car le parcours de Choice ne se résume pas à l’énième crise identitaire d’un immigré partagé entre deux mondes. Non, bien que conditionnées par ses origines, les préoccupations d’Allen dépassent largement le cadre ethnique pour embrasser des thèmes bien plus généraux tels que la famille, les relations humaines ou encore l’engagement. Sensible, faillible et parfois maladroit, the Block trébuche plus souvent qu’à son tour mais ce paumé attachant se relève toujours, cherchant inlassablement sa place dans un monde faisandé (2).

A ceux qui seraient allergiques aux romans policiers : don’t despair. Pour peu que vous maîtrisiez la langue de Shakespeare, il vous reste en effet les autres livres de Leonard Chang (malheureusement non traduits), notamment the Fruit’N Food qui traite des tensions entre les communautés afro-américaine et coréenne-américaine ou encore Crossings qui dépeint le parcours pour le moins tumultueux d’immigrés coréens du côté de Frisco.

sankyo

(1) Les anglicistes purs et durs trouveront la trilogie en VO sous les titres suivants : Over the Shoulder, Underkill and Fade to Clear.

(2) Daniel Dae Kim, l’un des héros de Lost,  a acheté les droits de Pour rien ou Presque. On attend donc le film : magnez-vous, les gars!

1 Response to “Leonard Chang : la trilogie Allen Choice”


  1. 1 Angie October 24, 2009 at 5:13 pm

    Ca a l’air super, ça ! Il va falloir que je découvre….


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