Archive for September, 2009

Aperçu du racisme en Corée

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crédit photo : Carnaval King 08

Bonojit Hussain est indien et enseigne à l’Université de Sungkonghoe à Séoul. Victime d’insultes racistes dans un bus, il a récemment gagné le procès intenté à un certain Mr Park, son agresseur du jour. C’est la première fois en Corée qu’une condamnation ayant pour origine la discrimination raciale est prononcée. Est-ce à dire que le Pays du Matin Calme est d’ordinaire immunisé contre les dérapages xénophobes ? La bonne blague.

La pureté du sang : nous vs eux

Beaucoup de Coréens sont viscéralement attachés à un concept pour le moins suspect : « la pureté du sang ». Il en va selon eux de l’identité et de l’unité nationales. 100% Korean blood, c’est le minimum syndical. Autant dire qu’ils voient d’un très mauvais œil les mariages mixtes et le métissage qui en résulte. A tel point que le Comité des NU pour l’élimination de la discrimination raciale a déclaré que «l’accent mis sur l’homogénéité ethnique en Corée peut représenter un obstacle à la promotion de la compréhension, la tolérance et l’amitié parmi les différents groupes ethniques et nationaux vivant sur son territoire. ». Les partisans du statu quo (on reste groupés les gars) ressortent généralement les manoeuvres impérialistes des pays voisins, notamment l’occupation nipponne de 1910 à 1945, pour justifier leur ouverture d’esprit. Soit. Ils oublient un peu vite, ces petits hommes des cavernes, que parmi le million d’étrangers qui résident en Corée, certains vivent l’enfer au quotidien. Quand on sait que la discrimination raciale est toujours absente de la législation coréenne, on mesure mieux tout le chemin qu’il reste à parcourir.

Le chemin de croix des métis

Ils sont environ 40 000 en Corée. Présence militaire américaine oblige, les métis avaient généralement un père blanc ou noir; on parle désormais de plus en plus des Kosians, ces enfants dont l’un des parents, surtout la mère, est originaire d’Asie du Sud-Est. Un déficit de femmes dans les zones rurales incite en effet un nombre croissant de fermiers coréens à « faire leur marché » dans des pays comme le Vietnam ou les Philippines. Du coup, 15% des nouveaux-nés en Corée sont aujourd’hui issus d’un mariage mixte. Dire que la vie de ces enfants sera pénible relève de l’euphémisme. Dénigrement et pauvreté risquent d’être leurs plus fidèles compagnons de route. Ainsi, 70 % de ceux en âge d’aller au collège ne sont plus scolarisés en raison des brimades dont ils sont victimes. Et une fois adultes, les emplois les plus modestes leur sont généreusement réservés. Sachant que les « mariages internationaux » vont se multiplier dans les décennies à venir, il est urgent que le Pays du Matin Calme prenne conscience que sa société ethniquement homogène se transforme inexorablement en une société multiethnique et multiculturelle et que des mesures radicales s’imposent.

Hines Ward : quand un pestiféré devient roi

Figure de proue des Pittsburgh Steelers, Ward aka « Ketchup » est une star du football américain. Mais avant de connaître gloire et fortune, les premières années de sa vie ont été marquées par l’ostracisme et la honte. Né d’un père afro-américain et d’une mère coréenne, Hines a grandi avec cette dernière à Atlanta. Brocardé toute son enfance en raison de ses origines, rejeté par les deux communautés ethniques auxquelles il appartient, il n’a trouvé son salut que dans la pratique intensive du sport. En 2006, c’est la consécration, il est élu MVP du Super Bowl XL. Peu de temps après, il part avec maman en Corée pour un retour aux sources. Surprise, ceux qui le méprisaient ouvertement l’accueillent tout à coup en héros et le suivent à la trace. Ketchup est fait Citoyen d’honneur de la ville de Séoul, recevant des témoignages énamourés partout où il passe. Une véritable entreprise de récupération success story mais Ward n’a pas oublié les humiliations et surtout, il sait ce que les métis comme lui doivent endurer en Corée.  C’est pourquoi, épaulé par PSBI, il lance dans la foulée la Hines Ward Helping Hand Foundation afin de leur venir en aide.

Un grand Monsieur

On observe aujourd’hui les prémisses d’une mutation. Depuis 2006, l’armée coréenne accueille les métis coréens dans ses rangs (un cadeau empoisonné ?!) et un certain nombre de mesures visant à améliorer leur situation sont actuellement en cours. La Corée doit changer, la Corée va changer. De toute façon, elle n’a pas le choix car sa population vieillit à la vitesse de l’éclair. Le pays aura bientôt besoin d’une forte immigration pour rajeunir ses troupes. En ce début du 21ème siècle, c’est sans doute l’ouverture à la globalisation ethnique et culturelle qui constitue son plus gros défi.

Pour conclure, une petite touche musicale en compagnie de Tasha Reid/Yoon Mi-rae, fille d’un Afro-Américain et d’une Coréenne, et accessoirement rappeuse numero uno en Corée.

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Tasha represents!

BeolCho – 벌초

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Chuseok fête la fin heureuse de la moisson d’été. Les greniers remplis pour passer l’hiver, les Coréens se réunissent en famille pour célébrer l’occasion et rendre hommage aux ancêtres : un mélange de Thanksgiving américain et de Toussaint français à la mode confucéenne et chamanique. Aujourd’hui, la fête de Chuseok reste avec le nouvel an lunaire la principale fête familiale annuelle coréenne.

Trois semaines avant les festivités se tient le « BeolCho », un préparatif obligé pour qui aspire rendre dignement hommage à ses ancêtres, c’est-à-dire à peu près tout le monde : le rafraîchissement des tombes familiales. N’imaginons pas ici un caveau familial qui se trouverait dans un cimetière municipal à droite en sortant de l’Eglise du village. En Corée, la plupart des morts reposent loin de toute civilisation, souvent perdus dans les montagnes, dans un lieu connu et accessible uniquement des proches qui viennent s’y recueillir. Il ne s’agit donc pas de dépoussiérer les pierres tombales, plutôt de débroussailler et de couper les mauvaises herbes (« Beol » = supprimer ; « Cho » = mauvaises herbes) qui auront prospéré durant l’été ; activité qui nécessite la participation de tous et donc un motif à une mini – célébration avant l’heure.

Etant en Corée au bon moment, je pus assister au BeolCho de mes ancêtres et vous livre ici le récit de cette journée qui commença à l’aube.

5h30 – Départ de Séoul

L’objectif est d’arriver près de Uisoeng, dans la province de Gyeongsangbukdo vers 9h, sachant que la sortie de Séoul prend du temps même à cette heure-ci et qu’après la sortie de l’autoroute, il reste encore une grosse demi-heure de petite route à faire.

Ce lever aux aurores m’aura au moins permis de me dire que ce sont peut-être les levers de soleil sur les campagnes vallonnées qui auront inspiré à certains le nom de Pays du Matin Calme.

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7h30 – Pause petit-déjeuner

Nous nous arrêtons dans une ère d’autoroute pour manger ce dont tout le monde rêve à 7h30 du matin: une soupe de nouilles bien pimentée. Problème: nous ne sommes pas les seuls en chemin pour le BeolCho et nous ne sommes pas les seuls à avoir faim. C’est donc avec une demi-heure de retard sur notre programme mais le ventre rempli que nous reprenons la route pour Uisoeng.

9h30 – Arrivée à destination

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Nous nous garons sur un chemin de terre qui sépare quelques rizières d’un flanc de montagne où se trouve les tombes de nos ancêtres. Les gens de notre village (et cousin lointains) sont déjà à pied d’œuvre quelque part au-dessus de nous et nous devons trouver seuls l’entrée du passage qui nous mènera aux tombes. Encore 15 minutes perdues, le temps de trouver non pas l’entrée elle-même mais des retardataires comme nous qui connaissent l’endroit mieux que nous.

Nous nous engouffrons avec eux dans la montagne pour une demi-heure de montée sauvage.

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10h – Les choses sérieuses commencent

Pour être tout à fait honnête, nous arrivons presque après la bataille: le gros du travail est achevé et il reste quelques branches à scier ou quelques mauvaises herbes oubliées par-ci par-là.

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Nous faisons le tour de toutes les tombes éparpillées ça et là; l’occasion pour moi de passer en revue quelques-uns de mes ancêtres, certains remontant à dix générations:

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Bien sûr, impossible pour moi de savoir seul l’identité de chaque tombe, d’autant que les inscriptions sont en chinois classique. Il ne me reste plus qu’à demander à mon oncle. Tiens, par exemple, quelle est cette tombe sans inscription juste à côté de celle de ce grand oncle? Une tombe clandestine me répond-on. Ce qui n’empêche pas les villageois d’en prendre soin comme les autres. J’imagine un bref instant le scandale qu’aurait provoqué l’enterrement clandestin d’un inconnu dans un caveau familial français. Juste impensable.

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Les travaux s’achèvent. Une dernière offrande et un dernier salut aux ancêtres avant de descendre. Puis c’est le retour au village pour un déjeuner bien mérité.

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11h30 – déjeuner

Pour trouver un lieu suffisamment grand pour accueillir le groupe, nous demandons l’hospitalité à un habitant du village qui dispose d’un grand terrain vague où sont disposées quelques tables. Les anciens prennent place en attendant que les plus jeunes improvisent un barbecue de poulet épicé: une grille en métal, quelques grosses pierres, un peu de bois sec et le tour est joué.

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Pour accompagner le poulet, du chou du champs d’à côté, de l’ail cru et des piments du champs d’à côté, du riz et de la pâte de soja fermenté (doenjang, le miso coréen) fait maison.

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Une heure d’un déjeuner simple mais authentique, de discussions des affaires du village, de nouvelles échangées sur soi-même ou untel qui n’a pas pu venir. Encore quelques minutes de répit le temps de fumer une cigarette. La parenthèse familiale se referme et la vie coréenne à cent à l’heure reprend ses droits jusqu’à Chuseok.

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Trois semaines dans une université coréenne

Yonsei-university-main-buildingUn des moyens d’apprendre la langue coréenne est de s’immerger totalement pendant trois semaines en Corée en suivant des cours intensifs programmés par une  université. Cela faisait longtemps que je songeais à cette option. C’est donc l’été dernier que j’ai franchi le pas en m’inscrivant à l’université de Yonsei (‘연세대학교’). Par la suite, j’ai appris qu’elle faisait partie de l’une des trois plus prestigieuses universités de Séoul. Du coup, même si pour ce genre de programme d’été, l’admission se résume à payer les frais de scolarité (environ 900.000 Wons), j’étais toute fière de recevoir ma carte d’étudiante !

Nous étions une douzaine d’élèves par classe, répartis en groupes de 6 niveaux. Pendant trois semaines d’affilée, dans une atmosphère studieuse (test de vocabulaire toutes les semaines, devoirs à la maison) et à un rythme soutenu (4 heures par jour), deux professeurs dynamiques nous ont enseigné les prémisses de la langue coréenne, le tout couronné par un test final. Attention, si l’on veut obtenir un certificat, il faut se plier aux règles: une seule absence est tolérée (et plus de trois retards valent une absence). Une deuxième petite précision me paraît également utile : ce qui est enseigné est la formule de politesse la plus soutenue et non pas le niveau de politesse qu’on emploie dans la vie courante.

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La plupart des élèves sont de jeunes étudiants mais comme il n’y a aucune limite d’âge, il y a quelques brebis galeuses déjà sur le marché du travail qui, comme moi, sont assez folles pour sacrifier leurs vacances à essayer de comprendre la complexité de la langue coréenne ! Ayant fait des études à l’étranger, j’y ai toutefois retrouvé une atmosphère étudiante très internationale, ce qui m’a par ailleurs fait penser que ma jeunesse était totalement révolue… Ce qui était insolite pour moi était que l’Asie dominait l’Europe en nombre d’étudiants : la plupart venait majoritairement du Japon mais aussi de Taiwan, d’Indonésie, des Philippines ou de Chine continentale. Une minorité venait d’Hawaï, des Etats-Unis et d’Europe.

Pour me donner des forces, c’est encore la nourriture coréenne qui m’a apporté réconfort lors de ces matinées studieuses. Chaque cours de 50 minutes est entrecoupé d’une pause de 10 à 20 minutes pendant laquelle on peut très vite prendre des habitudes coréennes en engloutissant dès le matin en seulement quelques minutes des Kimbap, un Bibimbab, un Dubu jjigae ou bien encore un Doenjang ou un Kimchi jjigae !

Pour les accrocs du Nolaebang (karaoké coréen), le dernier jour, il est possible d’apprendre quelques tubes du moment comme par “Nobody” des Wonder Girls , sans oublier Arirang, la plus célèbre chanson traditionnelle et folklorique coréenne (en version électro remastérisée), le tout en mangeant des Tok (gâteau coréen fait à base de riz).

A noter que Yonsei n’est pas la seule université à proposer ces cours; les universités de Goryeo, d’ Ewha, de Sogang et bien d’autres offrent également des programmes similaires.

Pour ceux qui en ont marre des vacances farniente, n’hésitez-pas à vous inscrire, vous ressortirez de ce séjour le cerveau en ébullition, prêts à dégainer des centaines d’expressions coréennes acquises de haute lutte.

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La fureur du scalpel

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Les chiffres donnent le vertige. Pensez-donc, 61,5% des Coréennes entre 25 et 29 ans ont eu recours à la chirurgie esthétique. Des injections de botox à la  rhinoplastie, en passant par l’incontournable double paupière, il semblerait que le remodelage du visage et du corps soit devenu un passage obligé pour les femmes du Matin Calme. Un acte aussi banal et nécessaire qu’une manucure ou une épilation en quelque sorte. Mais attention, la gent masculine n’a pas dit son dernier mot. Aujourd’hui, Monsieur Kim n’hésite plus à se faire lifter et liposucer, histoire de retrouver une seconde jeunesse. Exemple notoire, feu Roh Moo-hyon y a été de sa petite blépharoplastie avant de se jeter d’une falaise.

Before/After

Pourquoi une telle hystérie collective?

La culture américaine exerce une fascination sans égale en Corée du Sud. Conséquence logique, le modèle occidental est devenu la référence sur le plan esthétique. Autrement dit, White is Beautiful. Exit les yeux bridés et le nez plat, les Coréens veulent se westerniser le faciès et, richesse économique aidant, ils en ont les moyens.

D’une manière plus générale, après « Taffez jusqu’à ce que mort s’ensuive », la beauté à tout prix est le leitmotiv qui galvanise la péninsule. Sans un physique avantageux, adieu carrière professionnelle florissante, vie sexuelle trépidante et considération de vos prochains. Quand on sait que le conformisme est à la Corée ce que la mauvaise humeur est aux parisiens, étonnez-vous que le troupeau bêlant ait pris d’assaut les cliniques spécialisées. C’est ainsi que de plus en plus d’étudiants se font désormais ravaler la façade afin de maximiser leurs chances dans le monde du travail.

Ce culte de la beauté plastique bénéficie par ailleurs d’ambassadeurs de choc. La plupart des stars d’Hallyu sont en effet des adeptes enthousiastes du bistouri. Kim A-joong et Hwan Hee, pour ne citer qu’eux, ont évolué de manière spectaculaire au fil des ans. L’exemple venant d’en haut, la jeunesse du pays a promptement adopté les mœurs de ses idoles avec, dans bien des cas, l’approbation parentale. Le phénomène ulzzang, qui nous donne un aperçu intéressant du néant, illustre à merveille cette dictature de l’apparence.

Ils sont malades euuu, complètement malades euuu…

Bien sûr qu’ils ne sont pas les seuls à s’être laissé séduire par les sirènes du scalpel. Bien sûr qu’en ce bas-monde, il est préférable de ressembler à une gravure de mode plutôt qu’à une vache laitière. Avouez néanmoins que la banalisation des interventions esthétiques en Corée a de quoi inquiéter. Le pays tout entier semble être sous l’emprise d’une névrose narcissique carabinée. Résultat, l’habit fait tellement le moine que le reste n’a plus guère d’importance. Triste dérive qui risque de perdurer encore un bon moment. En attendant que la pathologie s’essouffle, espérons qu’il n’y ait plus d’autre Mme Mioku pour défrayer la chronique. S’injecter de l’huile de cuisine dans le visage n’était vraiment, mais vraiment pas l’idée du siècle.

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Quand la folie mène au pire


L’isolement du secteur IT coréen: un nouveau Galapagos?

C’est la rentrée pour SeoulParis et afin de bien commencer, nous vous offrons avec l’accord de son auteur une traduction d’un édito paru cet été dans la rubrique IT du quotidien coréen progressiste Hankyoreh. Le chroniqueur Koo Bon-kwon s’y inquiète de la tendance à l’isolement du secteur IT coréen.


241070625_1c9ff19d88Le phénomène « Galapagos »est une crainte grandissante parmi les opérateurs télécoms et les acteurs de l’Internet.

Du fait de leur évolution isolée, les 16 îles qui composent l’Archipel des Galápagos au large des côtes de l’Equateur étaient un trésor pour les biologistes. Mais dès qu’on y introduisit de la faune étrangère, celle-ci eut vite fait d’exterminer un grand nombre d’espèces locales. Il semble que de nombreuses entreprises du secteur IT connaissent le même sort que tant d’espèces des îles Galápagos.

Aujourd’hui, les téléphones portables japonais sont pratiquement absents du marché international. Il est loin le temps où les Japonais affirmaient avec fierté : « ce qui marche au Japon marche partout ailleurs ». Récemment, le New York Times publiait un article expliquant les raisons de l’échec des fabricants de téléphones portables japonais à l’international. Très tôt, le Japon a produit les téléphones portables les plus performants. Forts d’un marché intérieur solide et d’une excellente expertise, huit fabricants locaux dont Panasonic, Sharp ou encore NEC se sont livrés une concurrence effrénée à coup d’innovations technologiques. L’email mobile en 1999, la fonction appareil photo en 2000, le téléchargement de musique sur mobile en 2002, le paiement mobile en 2004, la TV sur mobile en 2005, autant d’avancées technologiques où le Japon a été précurseur. Certes Sony, grâce à son joint-venture avec le Suédois Ericsson en 2000 fait partie du global big 5 des fabricants de téléphones mobiles, mais il est maintenant derrière Samsung, LG ou Motorola et a connu des pertes significatives cette année. En adoptant un mode de développement exclusif et propriétaire basé sur un hardware de bonne qualité mais une interface utilisateur moins évoluée, le Japon s’est coupé du marché mondial.

La France d’aujourd’hui est connue pour son environnement peu propice à l’Internet. Pourtant, durant les années 80, ce pays était le plus avancé au monde en matière de technologie de l’information avec un réseau IT dédié et des terminaux équipant 6 millions de foyers. Ce « Minitel » permettait la recherche d’informations en même temps qu’il était un outil de communication moderne: messages textes bien sûr mais également jeux, messagerie instantanée, shopping à distance, réservation de billets et transactions bancaires furent possibles bien avant tous les autres pays.

Lorsqu’à l’approche du 21ème siècle, les pays adoptent l’Internet, la France continue à privilégier le Minitel. Dans les années 90, alors que le PC et l’Internet se généralisent, une nouvelle version du Minitel permettant la connexion Internet voit certes le jour, mais les services qui sont mis en avant restent ceux du réseau local français. Avec les années 2000, le PC remplace le Minitel dans tous les foyers. Aujourd’hui, la France est en retrait par rapport à ses voisins en matière de contenu Internet et rares sont les entreprises françaises capables de rivaliser avec les géants mondiaux de l’Internet.

Cette année, les ventes de téléphones portables de Samsung et LG font preuve de performances remarquables, contrairement à leurs concurrents Nokia, Motorola ou Sony Ericsson. Mais loin du succès des fabricants de téléphones portables coréens, les opérateurs télécoms locaux sont d’humeur bien morose.

Alors qu’avec l’avènement de la 3G les opérateurs télécoms des pays industrialisés connaissent une croissance de leur chiffre d’affaire data (MMS, Internet mobile), les opérateurs coréens connaissent eux une baisse de leur chiffre d’affaire data alors que celui provenant des appels vocaux augmente. L’utilisateur de l’Internet mobile coréen s’isole progressivement sous le coup de tarifs trop élevés et d’un Internet mobile cloisonné, si bien qu’en dehors des jeux, les éditeurs de contenus locaux perdent en compétitivité.

Même si en avril dernier, la Corée a levé l’obligation pour les mobiles d’être compatibles avec le standard local WIPI pour l’accès à l’Internet mobile, les restrictions et les contraintes restent nombreuses pour les fabricants de mobiles étrangers. Le Nokia 6210 ‘Navigator phone’ a dû ainsi être commercialisé sans sa fonction GPS en Corée en raison de restrictions réglementaires.

la Corée reste l'un des derniers pays développé où l'iPhone n'est pas encore commercialisé

la Corée reste l'un des derniers pays développés où l'iPhone n'est pas encore commercialisé

L’état d’isolement du web coréen est encore plus dramatique. Microsoft occupe 98 à 99% de part de marché des systèmes d’exploitation et des navigateurs web, sans parler des systèmes de certifications de nombreux services qui passent exclusivement par ActiveX. La politique de contrôle de l’Internet qui s’est renforcée avec l’arrivée du gouvernement de Lee Myung-bak accélère la création d’un « Internet version coréenne » très éloigné des standards internationaux. Suppression de l’anonymat, riposte graduée pour protéger les droits d’auteur, lutte contre la cyber-diffamation, obligation pour les portails de surveiller l’activité des internautes : autant de propositions de réglementation inimaginables dans n’importe quel autre pays développé. Le phénomène « Galapagos » coréen n’a ainsi aucun lien avec l’isolement géographique, plutôt avec l’environnement Internet local qui pose aux entreprises une crise existentielle. Huh Jin-ho, président de l’Association des Entreprises Coréennes de l’Internet déclarait récemment que « les entreprises de son secteur commençaient également à subir le phénomène Galapagos », mais que le plus inquiétant était que « le gouvernement et toutes les entreprises subissaient le même phénomène sans s’en rendre compte, plongés dans l’illusion d’être toujours une puissance de l’Internet et du mobile ».

La Corée au Japon

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Si vous avez un coup de blues lorsque vous êtes à Tokyo et que vous souhaitez absolument manger un Bibimbap ou que vous avez une envie irrépressible mais néanmoins légitime de manger du  Kimchi, allez sans hésiter à Shin-Ōkubo Station (新大久保駅, Shin-Ōkubo-eki) et vous trouverez de multiples restaurants coréens.

Shin- Okubo est sur la JR Yamanote line qui se situe à un arrêt de métro du quartier de Shinjuku. La station est donc relativement bien située puisqu’elle est sur la JR line (desservant les gares de Ueno et Tokyo) et qu’on est rapidement à Shinjuku, Harakuju, Ropongi ou bien encore Ebisu.

Lorsqu’on sort de la station de métro, on a du mal à croire qu’on se trouve à Tokyo car toutes les enseignes sont écrites en hangeul (caractères coréens). Ce quartier regroupe également de nombreuses épiceries coréennes, des karaokés et des bars coréens, des magasins de CD et de DVD coréens où l’on peut également trouver toutes sortes de produits dérivés à l’effigie des stars coréennes du moment.

Même en voulant prendre un café, on se retrouve dans un endroit dont le décor rappelle étrangement le drama coréen « Coffee prince ».

La raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés dans ce quartier le mois dernier n’a pas été la nostalgie de la capitale coréenne que nous venions de quitter. Notre motivation était ailleurs : c’était la recherche d’un logement sympathique à Tokyo à un prix raisonnable. Or, à Shin- Okubo, on trouve de nombreux « Minbak » qui sont des sortes de guest houses tenues par des Coréens. La particularité de notre Minbak était que la propriétaire n’habitait pas dans les lieux, ce qui nous laissait une totale indépendance dans nos allées et venues. Cela ressemblait plus à un hôtel qu’à une maison d’hôtes. Nous étions donc dans un appartement avec plusieurs chambres, toutes occupées par des Coréens car la clientèle est forcément coréenne, les sites proposant ces hébergements étant écrits, pour la plupart, en coréen et non en anglais. Si bien qu’à l’intérieur du Minbak, tous les panneaux ou écriteaux qui expliquent le fonctionnement de l’ordinateur, de la cuisine, de la machine à laver ou bien encore de la salle de bain sont également écrits en caractères coréens!

Les prix sont extrêmement compétitifs lorsque nous les avons comparés avec ceux d’autres guest houses. On peut donc trouver une chambre pour deux, trois ou quatre personnes entre 3.000 et 4.500 yen la nuit par personne !

Ce quartier n’a pourtant pas bonne réputation auprès des Japonais. Il est considéré comme dangereux. Cette réputation vient sans doute des relations difficiles et ambiguës qu’entretiennent les Japonais avec les Coréens du Japon (et réciproquement) et qui sont dues principalement aux origines historiques de cette immigration. Les Coréens habitant au Japon, appelés Zainichi, constituent le groupe d’immigrés le plus important. La plupart des Coréens sont issus de la vague d’émigration économique qui a eu lieu au début du XXème siècle durant l’occupation de la Corée par le Japon. Puis, peu après, lors de la Seconde Guerre mondiale, face à une pénurie de main d’œuvre, les Japonais ont mené une politique de recrutement auprès des Coréens pour les faire venir travailler dans leur pays.

Bon, si cela peut rassurer certains, nous n’avons eu aucun problème lors de notre séjour. Bien au contraire, le côté populaire nous a plu en nous rappelant certains quartiers de Séoul !

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SeoulParis en images

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